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Le bilan des manifestations au Bangladesh grimpe à au moins 300 morts

Les manifestations au Bangladesh font plus de 300 morts
Les manifestations au Bangladesh font plus de 300 morts / L'actu en vidéo / 1 min. / le 5 août 2024
Le bilan des manifestations au Bangladesh a atteint au moins 300 morts lundi, après que 94 personnes ont été tuées dimanche lors d'affrontements entre des manifestants et des partisans du pouvoir, selon un décompte réalisé à partir de données de la police, de responsables et de médecins dans des hôpitaux.

C'est le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début des manifestations antigouvernementales il y a un mois, dans ce pays musulman de 170 millions d'habitants, où les étudiants contestent, sur fond de chômage des diplômés, les faveurs dont bénéficient les proches du pouvoir pour devenir fonctionnaires (lire encadré).

Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâtons et de couteaux et les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles. Un commissariat à Enayetpour (nord-est) a notamment été pris d'assaut et onze policiers tués, selon la police.

A Dacca, la capitale, les rues se sont transformées "en champ de bataille" et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d'un hôpital, selon une autre source policière.

>> Revoir le reportage du 19h30 sur le début de la répression policière au Bangladesh face aux manifestants :

La violente répression des manifestations étudiantes plonge le Bangladesh dans le chaos
La violente répression des manifestations étudiantes plonge le Bangladesh dans le chaos / 19h30 / 22 sec. / le 20 juillet 2024

L'ONU appelle à la fin des violences

"La violence choquante au Bangladesh doit cesser", a exhorté dimanche soir le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, inquiet pour la journée de lundi alors "que le mouvement de jeunesse du parti au pouvoir se mobilise contre les protestataires".

Plus tôt dans la journée, des milliers de Bangladais s'étaient rassemblés sur une place de Dacca pour exiger la démission de la Première ministre Sheikh Hasina, après plus d'un mois de contestation initialement dirigée contre des quotas d'emplois réservés dans la fonction publique.

Ils répondaient à l'appel du collectif étudiant "Students Against Discrimination" qui avait exhorté la veille à la désobéissance civile. De son côté, le secrétaire général du parti au pouvoir, la Ligue Awami, Obaidul Quader, avait appelé les Bangladais à se rassembler dimanche dans "tous les quartiers de Dacca" et "dans tous les districts" du pays.

L'armée, "aux côtés du peuple"

Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l'arrivée au pouvoir il y a quinze ans de Sheikh Hasina. Pour rétablir l'ordre, son gouvernement a notamment coupé l'accès à internet, fermé écoles et université, imposé un couvre-feu et déployé l'armée.

D'anciens officiers militaires ont depuis apporté leur soutien aux contestataires. Dans une prise de position hautement symbolique contre la Première ministre, un ancien chef de l'armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, a appelé au retrait des troupes de la rue, dans une déclaration commune avec d'autres anciens officiers supérieurs, en soulignant que les gens n'avaient "plus peur de sacrifier leur vie".

Dans plusieurs cas, des soldats et des policiers ne sont d'ailleurs pas intervenus contre les protestataires, contrairement au mois dernier. Samedi, l'actuel chef de l'armée, le général Waker-uz-Zaman, avait lui affirmé que l'armée se tiendrait "toujours aux côtés du peuple", selon un communiqué.

afp/ther

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Quota d'emplois publics réservés aux familles de vétérans

Le Bangladesh compte de nombreux diplômés au chômage, et les étudiants exigent l'abolition d'un système de discrimination positive qui réserve un quota d'emplois publics aux familles des vétérans de l'indépendance.

Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par la justice, mettant le feu aux poudres, avant un nouveau retournement fin juillet de la Cour suprême.

La crise sociale s'est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts, les manifestants réclamant alors la démission de Sheikh Hasina.