Modifié

Le chef du Hamas Yahya Sinwar tué par un bombardement de l'armée israélienne à Gaza

Israël a annoncé avoir éliminé Yahya Sinwar, chef du Hamas et cerveau des attentats du 7 octobre
Israël a annoncé avoir éliminé Yahya Sinwar, chef du Hamas et cerveau des attentats du 7 octobre / 19h30 / 2 min. / le 17 octobre 2024
Le ministre israélien des Affaires étrangères a confirmé jeudi soir que le chef du Hamas Yahya Sinwar faisait partie des trois personnes tuées mercredi dans un bombardement à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Sa mort pourrait marquer un tournant dans l'invasion israélienne de ce territoire palestinien.

"Le meurtrier de masse Yahya Sinwar, responsable du massacres et des atrocités le 7 octobre, a été éliminé par les soldats" israéliens, a déclaré Israël Katz dans un communiqué. Il a estimé que la mort du chef du Hamas ouvrait la voie à un "changement profond" à Gaza: "sans le Hamas et sans le contrôle de l'Iran", a-t-il déclaré à la presse.

"Trois terroristes ont été éliminés", avait affirmé dans l'après-midi l'armée dans un communiqué, en précisant que l'identité des corps sortis des décombres devaient encore être confirmée par des tests ADN. De son côté, la presse israélienne avait rapidement affirmé qu'il y avait "de fortes chances" que le chef du Hamas dans la bande de Gaza ait été tué.

En fin d'après-midi, des sources du Hamas avaient déclaré que le responsable palestinien pourrait bel et bien avoir été tué.

Agé de 61 ans et chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, Yahya Sinwar était notamment considéré comme l'un des cerveaux de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par les différents groupes armés palestiniens. Sa mort pourrait être un coup décisif porté au groupe armé palestinien.

La "guerre" n'est toutefois "pas encore terminée", a prévenu de son côté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Une opportunité pour les otages?

Avant même la confirmation de l'assassinat du dirigeant palestinien, les représentants des familles d'otages israéliens ont publié une déclaration estimant que cela représentait une occasion pour conclure un accord pour libérer les otages.

"Nous appelons le gouvernement israélien, les dirigeants du monde et les pays médiateurs à transformer la réussite militaire en une réussite diplomatique en poursuivant un accord immédiat pour la libération des 101 otages: les vivants pour leur réhabilitation et les assassinés pour un enterrement approprié", écrit le Forum des familles d'otages dans un communiqué.

Le président israélien Isaac Herzog a quant à lui appelé à agir rapidement pour "ramener" les otages toujours détenus dans la bande de Gaza. "Maintenant, plus que jamais, nous devons agir par tous les moyens possibles", a-t-il déclaré sur X.

Le "bon moment" pour mettre fin aux combats?

De leur côté, des experts et responsables pro-israéliens aux Etats-Unis ont exprimé un optimisme prudent quant au fait que sa mort pourrait constituer une porte de sortie menant à une désescalade, au retour des otages et à une éventuelle fin de l'invasion et des bombardements à Gaza.

"De nombreuses questions demeurent et le risque pour les otages dans ces moments est énorme. Une initiative urgente pour leur retour est essentielle", a notamment déclaré le dirigeant du Israel Policy Forum. "Même si je ne pleurerai certainement pas la mort de Yahya Sinwar, j'aurais préféré apprendre que les otages étaient rentrés chez eux auprès de leurs familles", a déclaré le PDG d'Americans for Peace Now.

Pas de confirmation du Hamas

"Nous l'avons identifié comme un terroriste dans un bâtiment et nous avons tiré sur ce bâtiment avant d'entrer pour inspecter la zone. Nous l'avons trouvé avec un pistolet et 40'000 shekels [environ 10'000 euros, ndlr]. Il était en fuite et nos soldats l'ont éliminé", a poursuivi le porte-parole. Il a ajouté qu'aucun otage israélien n'était à proximité des trois combattants.

La mort de Yahya Sinwar n'a pas été confirmée par le Hamas dans l'immédiat.

>> Les explications dans le 19h30 de Stéphane Amar :

Mort de Yahya Sinwar : les explications de Stéphane Amar, correspondant en Israël
Mort de Yahya Sinwar : les explications de Stéphane Amar, correspondant en Israël / 19h30 / 1 min. / le 17 octobre 2024

jop avec agences

Publié Modifié

Des réactions internationales satisfaites

Des réactions internationales ne se sont pas faites attendre après l'annonce de la mort du dirigeant palestinien. Le président américain Joe Biden a parlé d'une "bonne journée pour Israël, les Etats-Unis et le monde" qui offre l'"occasion d'un règlement politique" et d'un avenir meilleur dans la bande de Gaza. "Yahya Sinwar était un obstacle insurmontable à la réalisation de tous ces objectifs. Cet obstacle n'existe plus", a-t-il estimé dans un communiqué.

De son côté, le chef de la Chambre américaine des représentants Mike Johnson a également salué cette mort comme une "source d'espoir (...) et de soulagement pour les Israéliens".

Kamala Harris, candidate démocrate à la Maison Blanche, a aussi déclaré que sa mort offrait "l'occasion" de "mettre fin" à la guerre à Gaza.

L'Allemagne, de son côté, a appelé le Hamas à "libérer immédiatement tous les otages et déposer les armes". "En tant qu'instigateur de la terreur du 7 octobre, il a causé la mort de milliers de personnes et une souffrance incommensurable à toute une région", a écrit la cheffe de la diplomatie allemande dans un communiqué. Et d'ajouter: "Les souffrances de la population de Gaza doivent enfin cesser".

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui "exigé" la libération de "tous les otages encore retenus par le Hamas".

Cinq dirigeants du Hamas déjà tués par Israël depuis vingt ans

Avant la mort de Yahya Sinwar, d'autres attaques imputées à Israël ont visé des dirigeants du Hamas ces vingt dernières années.

Le 22 mars 2004, le chef spirituel du parti, cheikh Ahmed Yassine, meurt lors d'un raid d'hélicoptère israélien à Gaza alors qu'il sortait d'une mosquée. Il avait été libéré de prison en octobre 1997 dans le cadre d'un échange de détenus négocié après une tentative d'assassinat par empoisonnement du chef du bureau politique du Hamas et de l'un de ses fondateurs par des agents du Mossad, le service de renseignements israélien.

Moins d'un mois après, son successeur à la tête du mouvement, Abdel Aziz Rantissi, est à son tour abattu dans un raid israélien.

Le 2 janvier 2024, environ trois mois après le début de l'invasion israélienne à Gaza, le numéro deux du mouvement islamiste palestinien, Saleh al-Arouri, est tué par un bombardement attribué à Israël dans la banlieue sud de Beyrouth.

Une autre frappe israélienne le 13 juillet 2024 près de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, tue le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif. Sa mort n'a pas été confirmée par le Hamas.

Le 31 juillet, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est victime d'un attentat dans une résidence du nord de Téhéran, après avoir assisté à la cérémonie d'investiture du nouveau président iranien. Une enquête du New York Times affirme le lendemain que l'explosion pourrait provenir d'un dispositif dissimulé depuis plusieurs mois dans sa résidence. Israël n'a jamais revendiqué officiellement cet assassinat.