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Le groupe Etat islamique refait surface en Irak

Des soldats irakiens lors d'une opération contre des membres de l'EI en Irak. [AFP - Osama Al Maqdoni/Anadolu Agency]
Reportage en Irak où le groupe Etat islamique refait surface / La Matinale / 4 min. / mardi à 07:25
Bien qu'annoncé vaincu en 2017 en Irak, le groupe Etat islamique profite du conflit au Proche-Orient pour se remettre en avant. Des cellules terroristes jusqu’ici dormantes multiplient depuis deux mois les attaques contre les troupes irakiennes dans l’est et l’ouest du pays. Reportage.

Ces cellules terroristes se sont remises au travail alors que la mission de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre le groupe djihadiste Etat islamique en Irak prendra fin d'ici 2026.

>> Pour en savoir plus sur cette opération, lire : Opération américaine d'envergure en Irak contre le groupe Etat islamique

Sur le terrain, les forces irakiennes organisent leur riposte en menant des opérations militaires dans les zones désertiques pour saper la résurgence de l’organisation terroriste.

>> Lire aussi : En Irak, le groupe Etat islamique terrorise toujours la population

Contrôles impératifs

A 110 kilomètres à l’ouest de Bagdad, en pleine terre sunnite d’al-Anbar, se trouve le village de Krishan. Une zone désertique, tombée en 2015 sous la houlette de Daech et désormais contrôlée d’une main de fer par les Unités de Mobilisation Populaire — des groupes armés à dominante chiite — intégrées, depuis, aux forces de sécurité irakiennes.

Patrouilles, fouilles et opérations militaires font partie du quotidien du Lieutenant Ali, officier au sein de la 55ème brigade des Hashed al-Shaabi, la coalition paramilitaire de milices en majorité chiites formée en 2014. 

"Nos missions de fouille et les embuscades que nous tendons continuent dans les lieux qui sont sous notre autorité. C’est notre procédure de routine. Tout étranger qui entre dans notre région est contrôlé", dit-il au micro de La Matinale de mardi.

Passée au crible, la population est tenue de collaborer avec Bagdad.

Cellules clandestines

Bien qu’annoncé vaincu en 2017, le groupe EI tue encore. Des cellules clandestines opèrent toujours sur le territoire irakien.

"Notre brigade du renseignement (...) reçoit des informations sur leurs mouvements, leurs positions ainsi que sur les gens qui les aident", explique Salah Taha Fares, commandant de la 55e Brigade des Hashed al-Shaabi et qui les traque dans le vaste désert d’al-Anbar.

"Depuis deux mois, les terroristes tentent de s’implanter près des villes", ajoute-t-il. "Avant, ils opéraient essentiellement dans le désert, mais maintenant qu'ils sont traqués par les forces de sécurité (...), ils essaient de s’approcher des villes pour ne pas attirer l’attention", explique-t-il encore.

Risque accru de terrorisme en Irak

Les guerres à Gaza et au Liban, ainsi que le calendrier de retrait des forces de la coalition d’ici 2026, accroissent le risque terroriste en Irak, selon Salah Taha Fares.

"Le plus gros danger auquel fait face l’ouest désertique d’al-Anbar, c’est l’infiltration de terroristes qui traversent la frontière irako-syrienne. (...) On a aussi remarqué qu’à chaque fois que l’Irak et les Etats-Unis veulent signer un calendrier de retrait des troupes américaines, Daech veut pourrir la situation."

Mais tout le monde ne partage pas l'avis que le groupe EI est bel et bien de retour. Pour l’homme d’affaires Ali Al Bufaed, le regain d’activité de Daech n’est qu’un leurre destiné à justifier le prolongement des troupes américaines en Irak.

"Ils exagèrent au sujet des cellules dormantes. Il n’y a pas de gros danger", assure-t-il en précisant que, selon lui, ces cellules "ne comptent que peu de membres". Mais il est certain que "si les Etats-Unis le veulent, ils peuvent en finir avec le groupe Etat Islamique en une heure. C’est un jeu!", conclut-il.

Anne-Sophie Le Mauff / juma

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