Le journaliste palestinien Iyad Alasttal récompensé: "Derrière toute victime à Gaza, il y a une histoire et des proches"
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 150 travailleurs ou travailleuses des médias ont été tués dans les territoires palestiniens ou au Liban, note l'ONG de protection des journalistes en zones de conflits dans un communiqué. "Il n'y a jamais eu autant de victimes parmi les journalistes en un aussi court laps de temps", rappelle son président Blaise Lempen mercredi dans le 19h30.
Iyad Alasttal aurait pu être l'un d'entre eux. Le Gazaoui a passé cinq mois sous les bombes, à couvrir l'horreur pour des médias internationaux et raconter au monde entier l'enfer des civils palestiniens. Il a été les yeux des journalistes empêchés par le gouvernement israélien d'entrer dans le territoire.
"Lorsque l'occupant tue un journaliste, son micro et sa caméra seront portés par un autre journaliste pour transmettre le message et le récit palestinien", commente-t-il dans le communiqué du prix PEC.
"Sauvé par miracle"
Le journaliste, qui avait lancé il y a cinq ans le projet multimédia "Gaza Stories" ayant abouti à plus de 250 films ou reportages, a échappé de justesse à la mort. En décembre 2023, l'appartement dans lequel il s'était réfugié a été bombardé.
Après s'être extirpé des décombres et avoir vu son lieu d'existence anéanti en quelques mois, il s'est réfugié avec sa famille en France en février. "Je me considère comme quelqu'un qui a été sauvé par miracle de cette guerre", commente-t-il mercredi soir dans le 19h30 de la RTS. "Il faut comprendre qu'à chaque instant, chaque minute, chaque heure, il y a des morts dans la bande de Gaza."
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Nous sommes un peuple infecté par une maladie qui s'appelle l'espoir
Interdit de quitter le territoire français en raison de son statut de réfugié, Iyad Alasttal a reçu son prix à Ferney-Voltaire, commune frontalière de Genève. "C'est une récompense très importante pour comprendre le travail et les risques que les journalistes palestiniens prennent aujourd'hui sous les bombes", explique-t-il.
L'espoir d'un retour à Gaza
Il souligne aussi l'importance de leur travail, qui consiste à mettre un visage derrière les décomptes de morts: "Quand on parle des 43'000 morts à Gaza, on ne connaît que des chiffres. Mais derrière toutes les victimes, il y a une histoire, des proches et des familles".
Quant au futur, le Palestinien veut garder la tête haute: "Mes enfants me posent toujours la question: est-ce qu'on va retourner un jour à Gaza? C'est très difficile de donner une réponse précise, mais nous sommes un peuple infecté par une maladie qui s'appelle l'espoir. Et il faut garder espoir: au fil de l'histoire, chaque guerre, chaque révolution, chaque combat a eu une fin".
Propos recueillis par Philippe Revaz
Texte web: Pierrik Jordan