Le maire de Ramallah pousse une génération à vivre, et non à mourir pour la Cisjordanie
"Je suis ici pour exprimer la douleur de la Cisjordanie", déclare Issa Cassis, présent à Genève à l'occasion de la semaine pour la paix organisée par la Geneva Peacebuiliding Plateform. D'emblée, le maire de Ramallah, élu il y a plus de deux ans, précise à la RTS que le conflit n'a pas débuté avec les massacres du 7 octobre 2023, mais en 1948, début de l'occupation israélienne.
Ramallah constitue "le coeur économique et financier de la Palestine". La ville accueille aussi "le secteur de la santé et la vie culturelle". Désormais, "tout est mis en veilleuse", déplore l'élu. Les attaques y sont devenues "quotidiennes", les déplacements sont difficiles et des Palestiniens sont tués tous les jours, "sans raison" précise-t-il, lors d'incursions d'Israël.
>> Notre suivi de la situation au Proche-Orient : Benjamin Netanyahu déclare que la mort du chef du Hamas marque "le début de la fin" de la guerre à Gaza
Dommages systématiques
En Cisjordanie, l'armée israélienne a mené plusieurs opérations dans les villes de Jenine et Tulkarem. Elle a aussi bombardé des camps de réfugiés, affirmant viser des militants planifiant une attaque. Issa Cassis, de son côté, constate des destructions systématiques.
Les soldats ont "dévasté les rues, les infrastructures, les canalisations, les pylônes électriques". Une équipe d'ingénieurs s'est chargé de "réparer tout ce qui pouvait l'être", mais "les militaires sont revenus". Ils ont "tout cassé à nouveau", affirme le maire de Ramallah.
Une économie qui s'enlise
Les hôpitaux et les écoles ne sont pas fermées en Cisjordanie, mais les fonctionnaires touchent seulement 60% de leur salaire. Près de 200'000 travailleuses et travailleurs ont perdu leur emploi en Israël. Et le 15 octobre, la Cisjordanie a été privée, pour la deuxième année consécutive, de l'une de ses principales ressources.
>> Lire aussi : Ces colons israéliens qui veulent reconquérir la bande de Gaza
La récolte des olives est sacrée en Palestine, elle est célébrée chaque année dans la région. Des "colons armés, remplis de haine, empêchent la cueillette parce que nous sommes Arabes et Palestiniens, alors que celle-ci est attendue depuis 12 mois", condamne Issa Cassis.
L'an dernier, les 9600 hectares d'oliveraies inexploités ont conduit à un manque à gagner de 10 millions de dollars.
"Croire en l'avenir"
Issa Cassis veut s'assurer que les personnes de moins de 40 ans — qui constituent 65% de la population — aient envie de vivre en Cisjordanie, plutôt que de mourir pour elle. Pour ce faire, malgré la faiblesse de l'Autorité palestinienne, le maire se bat pour élever des personnes qui croient "en l'avenir [...] en la démocratie, aux élections".
La mairie travaille sur des projets destinés aux jeunes, à visée éducative. "Nous voulons former des citoyens à la hauteur de leurs responsabilités. Et nous voulons préserver ce qui reste de la Palestine", déclare l'élu.
Et le Hamas?
"Je ne suis pas ici pour discuter du Hamas", de leurs actes et de leurs réactions, affirme Issa Cassis. "Dans chaque société, dans chaque pays, il y a des extrémistes". En évoquant l'attaque du 7 octobre, il se dit "totalement opposé au meurtre de civils, sans hésitation", mais il estime qu'il faut comprendre l'évolution des sociétés.
"Ôter l'humanité" à des individus les poussent à "mourir" pour une cause, expose l'élu. Selon lui, "les Palestiniens subissent une occupation" qui doit "cesser par le biais d'efforts soutenus par la communauté internationale et le monde libre".
Sujet radio: Francesca Argiroffo
Adaptation web: Mérande Gutfreund