Le monde "ne peut pas laisser continuer" la guerre au Soudan, a lancé Volker Türk en ouverture de cette session, alors qu'une enquête vidéo publiée le jour même dans Le Monde, du collectif Lighthouse Reports, attestait des crimes ethniques commis au Darfour, région particulièrement dévastée de ce pays d'Afrique du nord-est.
"On espère que ça va lancer des discussions utiles et profondes qui s'attaquent aux racines du problème et surtout qui proposent des solutions concrètes", commente Abdelbagi Jibril, citoyen soudanais vivant en Suisse et membre de la coalition soudanaise civile Taqqadum, mardi dans La Matinale.
Sentiment d'impunité total
Des images, extraites de vidéos postées par des milices affiliées aux deux camps, l'armée régulière et les rebelles des Forces de soutien rapide (FSR), montrent notamment des célébrations d'exécutions ethniques. Des faits déjà dénoncés plusieurs fois par Human Rights Watch (HRW), qui alertait encore fin août sur les exactions et les crimes de guerre perpétrés par les belligérants, ainsi que leur sentiment d'impunité.
"On a fait des recherches basées purement sur des photos et vidéos qui avaient été mises en ligne où on voit des exécutions sommaires, des cas de torture ou de traitements inhumains de détenus", explique Laetitia Bader, la directrice adjointe de la division Afrique de l'ONG. "Ces vidéos démontrent à quel point les deux parties belligérantes se sentent autorisées à agir sans conséquences."
Présence sur place incontournable
C'est pour cette raison que HRW estime qu'il faut agir au plus vite sur le plan juridique, mais aussi en poursuivant les enquêtes indépendantes. "Dans les prochaines semaines, il y aura des discussions et un vote sur le renouvellement du mandat de la commission d'enquête. Il faut absolument qu'il soit renouvelé, c'est actuellement le seul mandat valable pour tout le pays", prévient Laetitia Bader.
L'organisation humanitaire souligne encore la nécessité d’envoyer une mission internationale de protection des civils, un constat que devrait confirmer le Conseil des droits humains de l'ONU. Mais pour faire bouger les choses, "il faut être sûr que les deux parties acceptent l'intervention de la communauté internationale pour apporter de la nourriture et des médicaments très rapidement à la population", prévient Abdelbagi Jibril.
Aleksandra Planinic/jop