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Le nouveau président taïwanais Lai Ching-te a prêté serment et appelle la Chine à "cesser ses intimidations"

La cérémonie d'investiture du nouveau président de Taïwan Lai Ching-te, le 20 mai 2024. [Reuters - Carlos Garcia Rawlins]
Le nouveau président taïwanais Lai Ching-te prête serment / Le Journal horaire / 26 sec. / le 20 mai 2024
Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te a prêté serment lundi et a appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires". S'inscrivant dans la même ligne que sa prédécesseure, il devrait renforcer les liens avec les Etats-Unis et augmenter les dépenses militaires.

Lai Ching-te a effectué sa prestation de serment au palais présidentiel de la capitale Taïpei, ainsi que la nouvelle vice-présidente, Hsiao Bi-khim.

Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te et la nouvelle vice-présidente Hsiao Bi-khim lors de leur cérémonie d'investiture au palais présidentiel de Taïpei. [REUTERS - Carlos Garcia Rawlins]
Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te et la nouvelle vice-présidente Hsiao Bi-khim lors de leur cérémonie d'investiture au palais présidentiel de Taïpei. [REUTERS - Carlos Garcia Rawlins]

Cérémonie d'investiture

Dans son discours d'investiture, le nouveau président a appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan, à partager avec Taïwan la responsabilité envers le monde du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan, ainsi que dans l'ensemble de la région, et à veiller à ce que le monde soit libéré de la peur de la guerre".

Il a également remercié les Taïwanais d'avoir résisté à l'influence "des forces extérieures et d'avoir résolument défendu la démocratie", affirmant que "l'ère glorieuse de la démocratie taïwanaise est arrivée".

En marque de soutien, huit chefs d'Etat, ont assisté à la cérémonie, ainsi que 51 délégations internationales (dont les Etats-Unis, le Japon et le Canada).

Des danses et des morceaux d'opéras traditionnels ont été interprétés par plus d'un millier d'artistes lors de la cérémonie qui comprenait aussi un défilé militaire aérien.

Critiqué par Pékin

Issu du Parti démocrate progressiste (PDP), le même mouvement que sa prédécesseure Tsai Ing-wen, le président tout juste investi a été décrit par Pékin comme un "dangereux séparatiste" pour ses déclarations passées en faveur de la souveraineté de Taïwan.

Il a promis lundi que son gouvernement "ne cédera pas, ne provoquera pas et maintiendra le statu quo", c'est-à-dire un équilibre qui préserve la souveraineté de Taïwan sans pour autant déclarer une indépendance formelle.

Il a aussi appelé la Chine à "cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan". Pékin doit "partager avec Taïwan la responsabilité envers le monde du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan", a-t-il plaidé.

>> Sur le sujet, lire aussi : Bête noire de Pékin, le candidat Lai Ching-te vainqueur de la présidentielle à Taïwan

Renforcer les liens avec les Etats-Unis

S'inscrivant dans la continuité de sa prédécesseure, Lai Ching-te devrait augmenter les dépenses militaires et renforcer les liens avec certaines puissances, dont les Etats-Unis qui sont le principal fournisseur d'armes à Taïwan. Cela, bien que Washington ait abandonné la reconnaissance diplomatique de Taïpei au profit de Pékin en 1979.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a félicité Lai Ching-te, dont l'investiture est, selon lui, le signe d'un "système démocratique résilient". Il a dit espérer que leurs deux Etats puissent renforcer leurs relations et maintenir la "paix et la stabilité" dans la région du détroit de Taïwan.

juma avec agences

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Une source de "guerre" et "déclin" de Taïwan aux yeux de Pékin

Lai Ching-te, fervent partisan du maintien de la souveraineté de l'île, a remporté les élections en janvier, permettant au PDP de se maintenir au pouvoir pour la troisième fois consécutive. Pékin considère que le nouveau président apporterait la "guerre et le déclin" de Taïwan.

En réaction à l'investiture du nouveau président, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin a averti lundi que les efforts visant à l'indépendance de Taïwan déboucheraient sur une "impasse". "Peu importe sous quelle forme ou sous quelle bannière, la recherche de l'indépendance et de la sécession de Taïwan est vouée à l'échec", a-t-il ajouté.

Il a également affirmé que, quel que soit le gouvernement au pouvoir à Taïwan, cela ne changeait pas le "fait historique et juridique que les deux rives du détroit appartiennent à une seule et même Chine".

Mauvaises relations avec Pékin

Lai Ching-te succède à Tsai Ing-wen qui avait déjà provoqué l'ire de Pékin au cours de ses huit années à la tête du territoire en augmentant les dépenses militaires, développant des équipements proprement taïwanais tels que des sous-marins ou des navires, et en renforçant les liens avec les Etats-Unis.

>> Pour en savoir plus sur les tensions grandissantes entre Pékin et Taïwan, regarder les précisions de Stephen Mossaz dans le 19h30 :

Les précisions de Stephen Mossaz sur les tensions grandissantes entre l’archipel de Taïwan et Pékin
Les précisions de Stephen Mossaz sur les tensions grandissantes entre l’archipel de Taïwan et Pékin / 19h30 / 1 min. / le 9 janvier 2024

Concomitamment à l'investiture du nouveau président taïwanais, la Chine a dévoilé lundi de nouvelles sanctions contre trois entreprises américaines vendant des armes à Taïwan.

Défis de ce nouveau mandat

En plus de la menace chinoise, Lai Ching-te devra faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat.

Le PDP a perdu sa majorité au parlement, où une bagarre a éclaté vendredi entre des élus des trois partis qui y sont représentés, ce qui pourrait compliquer la tâche du nouveau président pour faire adopter ses réformes.

Le réseau social chinois Weibo bloque le hashtag du nom du nouveau président taïwanais

Le réseau social Weibo, équivalent chinois de X, a bloqué le hashtag du nom du nouveau président taïwanais Lai Ching-te, a constaté lundi l'AFP.

"Conformément aux lois, règlements et politiques en vigueur, le contenu de ce sujet ne peut être affiché", indique laconiquement Weibo sur son site lorsqu'une recherche est effectuée avec le hashtag "Lai Ching-te".

Le hashtag du nom de sa prédécesseure, Tsai Ing-wen, a également été bloqué.

La Chine surveille étroitement ses médias et son internet est soumis à une censure des contenus considérés comme sensibles par le pouvoir ou sont de nature à créer de l'agitation.