"Cette première réaction nucléaire marque le début de la montée en puissance, par paliers successifs, de l'EPR de Flamanville", qui doit encore atteindre les 25% de puissance pour être connecté au réseau électrique "d'ici la fin de l'automne", selon EDF.
"La première divergence a été acquise le 3 septembre à 15h54. Il s'agit d'une étape importante des opérations de démarrage".
"Les essais se poursuivront ensuite tout au long de la montée en puissance du réacteur. Ce sont plus de 1.500 critères de sûreté qui sont testés durant le démarrage de Flamanville 3", a précisé le géant électricien.
Si ces derniers mois, EDF comptait atteindre la pleine puissance à 100% d'ici la fin de l'année, aucune échéance précise n'a cette fois été communiquée par l'entreprise qui a seulement indiqué lundi que cela prendrait "plusieurs mois".
Explosion de la facture
Si le fleuron industriel français a tout de même obtenu le "go" de l'ASN pour lancer les opérations et franchir une nouvelle étape cruciale, il s'agit d'un énième déboire pour un chantier qui accuse déjà 12 ans de retard sur le calendrier initial, pour ce nouveau réacteur à eau pressurisée, le 4e de ce type installé dans le monde.
Alors que le président français Emmanuel Macron a décidé de relancer le nucléaire, en commandant six réacteurs EPR2 (et huit supplémentaires en option) à l'énergéticien, le démarrage de l'EPR de Flamanville, même s'il a été décidé bien avant, revêt une dimension hautement symbolique.
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Les nombreux déboires qui ont affecté le chantier de l'EPR (fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l'acier de la cuve, et défauts de soudure sur les traversées de l'enceinte de confinement) ont fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d'euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.
En 2020, la Cour des Comptes l'avait évaluée à 19 milliards, en comptant notamment les "surcoûts de financement".
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"Tous ces efforts valaient la peine"
Pour Emmanuelle Galichet, enseignante et chercheuse en science et technologies nucléaires pour le Conservatoire national des arts et métiers, interrogée dans Forum, "tous ces efforts valaient la peine, car l'énergie nucléaire ne peut pas ne pas être dans un mix énergétique européen". Comme le parc nucléaire vieillit en France, "il fallait commencer à faire un nouveau réacteur, car c'est long de construire, d'avoir les autorisations et on avait besoin de reprendre confiance dans la construction de ces objets complexes."
"Cet EPR n'est pas révolutionnaire, il est évolutionnaire, - c'est un réacteur à eau pressurisée comme 95% des réacteurs à travers le monde. Mais il est évolutionnaire dans sa conception et dans ses exigences de sûreté. Il est bien plus sûr que tous les réacteurs aujourd'hui, c'est pourquoi on l'appelle un réacteur de 3e génération", a-t-elle encore expliqué.
afp/juma