Devant un parterre d'évêques et de cardinaux, des officiels dont la Première ministre italienne Giorgia Meloni, des milliers de personnes sur la place Saint-Pierre et en mondovision, le jésuite argentin a ouvert la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, symbolisant l'inauguration de ce Jubilé ordinaire.
Assis dans un fauteuil roulant, Jorge Bergoglio a frappé sur la lourde porte de bronze avant de se recueillir en silence sur son seuil et d'entrer dans la monumentale basilique, archi-comble, suivi par une longue procession, tandis que les cloches sonnaient à l'extérieur.
Tout au long de l'année, les pèlerins pourront passer cette porte, murée en temps ordinaire, afin de recevoir l'"indulgence plénière", le pardon des péchés selon la tradition catholique.
Le pape de 88 ans, récemment affaibli par un rhume, présidera ensuite la messe de la nuit de Noël dans la basilique Saint-Pierre avant de donner mercredi à 12h00 sa traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi" ("A la ville et au monde").
Après l'attaque meurtrière sur un marché de Noël en Allemagne, la sécurité a été renforcée aux alentours du Vatican. Quelque 700 agents supplémentaires ont été déployés à Rome, a annoncé le ministère italien de l'Intérieur.
Trois autres portes
L'ouverture de la "Porte sainte" sera suivie dans les prochains jours par celles des trois autres basiliques majeures de Rome (Sainte-Marie-Majeure, Saint-Paul-hors-les-Murs, Saint-Jean-de-Latran) et de milliers d'autres dans les églises des quatre coins de la planète.
Fidèle à son attachement aux marginalisés, François tient à célébrer cette tradition jeudi dans la prison romaine de Rebibbia, où il présidera une messe en signe de proximité avec les détenus.
Tous les 25 ans
Un Jubilé extraordinaire s'était tenu en 2016 sous le signe du pardon, tandis que le prochain aura lieu en 2033 pour commémorer la crucifixion du Christ. Le dernier Jubilé ordinaire, organisé en l'an 2000 sous Jean-Paul II, avait réuni 25 millions de personnes (lire encadré).
Organisé tous les 25 ans, le Jubilé est voulu comme un temps de conversion et de pénitence pour les fidèles et s'accompagne d'une longue liste d'évènements culturels et religieux – messes, expositions, conférences, concerts.
S'il s'adresse d'abord aux quelque 1,4 milliard de catholiques, le Jubilé dépasse le cadre religieux, à l'image de la vente de nombreux produits dérivés – gourdes, casquettes et T-shirts frappés du logo officiel.
>> Relire : Le Vatican publie une marche à suivre pour se faire pardonner ses péchés en 2025
Une mascotte inspirée de la culture pop manga
Tranchant avec son héritage historique – c'est le pape Boniface VIII qui a institué, en 1300, cette tradition à Rome – l'événement s'est modernisé et doté d'une application pour smartphones en six langues regroupant informations pratiques, cartes interactives, horaires et QR codes.
Il dispose même de sa mascotte, "Luce" ("lumière" en latin), personnage inspiré par la culture pop manga, un choix inédit de la part du Vatican qui a suscité des critiques mais dans lequel certains y voient une volonté de renouveau générationnel.
Baptisée "Pèlerins d'espérance", cette édition verra se succéder pendant un an des groupes du monde entier: jeunes, migrants, artistes, musiciens, associations, monde du sport, de l'entreprise ou du secteur éducatif sont ainsi conviés au Vatican à des dates précises.
A noter, l'inscription sur le site officiel du pèlerinage début septembre de l'association italienne catholique LGBT+ La Tenda di Gionata, alors que le pape argentin multiplie ses appels à une Eglise ouverte à "tous".
afp/vajo
De nombreux chantiers à Rome
Pour se préparer à ce Jubilé, Rome a été le théâtre d'importants travaux qui ont mis la patience des automobilistes à rude épreuve pour restaurer les monuments et fluidifier la circulation.
Parmi les plus emblématiques, un tunnel près du château Saint-Ange, à deux pas du Vatican, inauguré lundi par la Première ministre Giorgia Meloni qui a vu un "petit miracle" dans l'achèvement du chantier.
Dans une ville déjà prise d'assaut par des millions de visiteurs et connue pour la défaillance de ses transports publics, l'événement suscite des interrogations en matière de surtourisme et d'impact environnemental, alors que le pape a fait de l'écologie intégrale un pilier de son pontificat.