Au terme d'une session très tendue d'environ deux heures et dans une ambiance électrique marquée par des insultes, la loi d'amnistie a été approuvée par 177 voix contre 172, la majorité absolue étant de 176.
Ce vote du Congrès des députés, où le Premier ministre Pedro Sánchez dispose de la majorité absolue grâce à l'appui des deux partis indépendantistes catalans, est l'aboutissement d'une longue bataille qui a dominé et radicalisé la vie politique espagnole depuis les élections de juillet dernier.
Les députés avaient déjà adopté le projet de loi d'amnistie le 14 mars, mais le Sénat, contrôlé par l'opposition de droite, y avait mis son veto deux mois plus tard, renvoyant le texte à la chambre basse, qui a donc eu le dernier mot.
"Corruption politique"
Le Parti populaire (PP), principale formation d'opposition, et le parti d'extrême droite Vox ont livré un dernier baroud d'honneur avant le vote, dénonçant ce qu'ils ont qualifié de "corruption politique".
Pour leur part, les deux partis indépendantistes catalans ont averti que cette amnistie n'était pas la fin de leur combat pour l'indépendance, mais une simple étape, avant l'organisation d'un référendum.
Pedro Sánchez affirme que l'amnistie a pour but de mettre fin à l'instabilité née de la tentative avortée de la Catalogne (nord-est de l'Espagne) de proclamer unilatéralement son indépendance en octobre 2017, lorsque le gouvernement régional était dirigé par Carles Puigdemont, qui vit depuis en exil.
Prix à payer
Mais cette mesure d'amnistie, qui doit bénéficier à environ 400 personnes - au premier rang desquelles Carles Puigdemont - est surtout le prix que Pedro Sánchez a dû payer pour être reconduit au pouvoir en novembre.
Les deux partis indépendantistes catalans, à commencer par celui de Carles. Puigdemont, avaient, en effet, exigé cette amnistie en contrepartie du soutien de leurs 14 députés, sans lequel Pedro Sánchez n'avait aucune chance de rester Premier ministre.
Depuis lors, le PP est vent debout contre cette loi d'amnistie, qu'il considère comme "inconstitutionnelle" et contre laquelle il a organisé de nombreuses manifestations, la dernière ayant réuni des dizaines de milliers de personnes dimanche à Madrid
Carles Puigdemont avait déclaré durant la campagne pour les élections régionales catalanes du 12 mai qu'il espérait pouvoir être présent pour le débat d'investiture du nouveau gouvernement, dont la date n'a pas encore été fixée, mais qui devra avoir lieu au plus tard le 25 juin.
Mais on ne sait pas avec certitude si le mandat d'arrêt qui pèse sur lui sera levé à temps. La loi doit d'abord être promulguée par le roi Felipe VI et publiée au Journal officiel, dans un délai maximum de 15 jours.
Elle devra ensuite être appliquée par les tribunaux, ce qui ne sera pas forcément une formalité.
afp/fgn