Point d'orgue de centaines d'initiatives étalées sur plusieurs semaines, le traditionnel défilé populaire au long de l'Avenue de la Liberté a rassemblé une immense foule dans l'après-midi.
"25 avril, toujours! Fascisme, jamais plus", ont crié les manifestants, oeillets rouges à la main ou à la boutonnière.
La journée de jeudi a débuté par une cérémonie militaire sur une grande place du centre de Lisbonne, en bordure de l'estuaire du Tage, à laquelle ont participé des véhicules militaires de l'époque restaurés pour l'occasion.
Elle s'est terminée par un événement rassemblant le président portugais, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, et ses homologues des pays africains devenus indépendants après 1974: l'Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, le Cap-vert et Sao Tomé et Principe.
Festivités dès mercredi
Des milliers de Portugais, dont Carlos, né sous la dictature salazariste, étaient déjà à la fête mercredi soir. "Je sais comment c’était avant le 25 avril. On n'avait pas de libertés, c'était impossible", explique-t-il dans La Matinale de la RTS.
Les célébrations de l'avènement de la démocratie au Portugal interviennent cette année dans un contexte marqué en outre par une nouvelle percée électorale de l'extrême droite, le parti "Chega" ("Assez") ayant nettement renforcé son rang de troisième force politique du pays avec 18% des voix.
L'ombre de l’autoritarisme
Selon une enquête publiée la semaine dernière, la moitié des personnes interrogées jugent le régime autoritaire comme ayant plus d’aspects négatifs que positifs, mais un cinquième d'entre elles affirme le contraire.
Cette même enquête met en évidence la fragilité de la démocratie et l’impact persistant de l’ancien dictateur dans les mémoires. Elle indique que 47% des sondés ne seraient pas opposés à l’idée de soutenir un homme fort au pouvoir et pensent qu’il y a trop d’élections.
L’historienne Irene Pimentel voit dans cette situation une “énorme ironie”. Elle souligne cependant que le pays ne vit pas un retour à la dictature telle qu’elle existait avant 1974, et que personne n’évoque l’idée de rétablir une police politique ou la censure.
Réflexion sur le passé colonial
La journée de jeudi a débuté par une cérémonie militaire sur une grande place du centre de Lisbonne, en bordure de l'estuaire du Tage. Elle sera conclue par une rencontre entre le président portugais, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, et ses homologues des pays africains devenus indépendants après la Révolution: l'Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, le Cap-vert et Sao Tomé et Principe.
Marcelo Rebelo de Sousa a créé la surprise en soulevant la question d'éventuelles réparations coloniales. "Nous sommes responsables de ce que nous avons fait là-bas. (...) Il faut payer les coûts", a-t-il dit devant des représentants de la presse étrangère à Lisbonne.
Il n'a pourtant pas précisé comment le Portugal pourrait "faire la réparation" de ces "comportements historiques inacceptables" et, surtout, sa position n'est pas soutenue par le nouveau gouvernement de droite issu des élections du mois dernier.
Sujet radio: Vincent Barros
Adaptation web: agences/Miroslav Mares
La naissance symbolique
La Révolution des Œillets a été baptisée ainsi car la population, qui s'est aussitôt rangée du côté des putschistes, a distribué ces fleurs du printemps à certains soldats qui les ont planté dans le canon de leur fusil.
"Ce seront surtout les images prises ce jour-là qui vont transformer l'œillet rouge en symbole de la Révolution du 25 avril et qui finira par donner une vision romantique, poétique à un acte qui tenait beaucoup de l'héroïsme, même si cette révolution a été particulièrement pacifique", explique l'historienne Maria Inacia Rezola, en charge du vaste programme de commémorations.