Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu tiraillé entre ses alliés d'extrême droite et la société civile
Quelques milliers de personnes ont manifesté début février à Jérusalem devant le Parlement israélien pour la poursuite des combats à Gaza. A l'heure où des négociations se poursuivent, les manifestantes et manifestants s'opposent à tout accord de cessez-le-feu et soutiennent le message martelé depuis des semaines par le Premier ministre Benjamin Netanyahu: "Seule la pression militaire ramènera les otages".
"On ne peut pas laisser le Hamas à notre frontière, ce n'est pas possible. Nous sommes venus soutenir le gouvernement et dire qu'il faut aller jusqu'au bout. Il faut s'occuper de ce problème une fois pour toute", témoigne un manifestant au micro de la RTS.
Au-delà des objectifs de guerre présentés par Benjamin Netanyahu, cet Israélien voit dans les combats une "opportunité" de recoloniser la bande de Gaza: "Quand quelqu'un veut nous attaquer et nous détruire, il faut répliquer. Nous devons conquérir Gaza et nous y installer", assène-t-il.
Benjamin Netanyahu et son parti peu soutenus dans les sondages
Si ces appels à réoccuper l'enclave palestinienne sont pour l'heure relativement minoritaires en Israël, ils sont portés officiellement au gouvernement par les partis d'extrême droite ultra nationalistes. Lors d'une conférence à Jérusalem fin janvier, onze ministres ont ouvertement appelé à l'annexion du territoire et au retour des colonies juives de Gaza, démantelées en 2005 par le Premier ministre de l'époque Ariel Sharon.
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"Aujourd'hui, si nous nous retirons, nous obtenons la guerre. Si nous ne voulons pas revivre le 7 octobre, il faut rentrer à la maison et reprendre le contrôle de ce territoire", a notamment déclaré le ministre israélien de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir, figure du mouvement de colonisation et allié clé de la coalition gouvernementale.
Le responsable menace régulièrement de faire tomber cette coalition, accusant Benjamin Netanyahu de manquer de fermeté. Toutefois, d'après Tal Schneider, journaliste politique au quotidien The Times of Israel, les chances que ces menaces soient mises à exécution sont faibles. "Itamar Ben Gvir ne souhaite pas réellement faire tomber la coalition, car il risque de ne pas être réélu. Il en est de même pour Netanyahu, qui est en très mauvaise position dans les sondages", souligne-t-elle dans La Matinale de la RTS.
Depuis le début de la guerre, les enquêtes d'opinions se multiplient en Israël et illustrent toutes une chute du parti Likoud et de son chef Benjamin Netanyahu. "Ce n'est pas seulement lié à sa coalition, lui-même n'est pas vraiment soutenu par le peuple", analyse Tal Schneider. "Cela a commencé lorsqu'il a tenté de changer l'équilibre des pouvoirs, ce qui n'a pas fonctionné. Il y a eu des manifestations massives et c'est cette colère qui l'a fait tomber dans les sondages, avant même [le 7 octobre]. La guerre a détruit son 'credo'."
Un manque de légitimité du gouvernement dénoncé
La réforme de justice enterrée, la société civile qui descendait dans la rue l'année dernière reprend aujourd'hui sa contestation, cette fois pour demander des élections anticipées. A l'instar de Tal Schneider, les manifestantes et manifestants accusent le Premier ministre de préférer ses intérêts personnels à ceux de l'État.
"Si son gouvernement et lui restent au pouvoir, la guerre ne se terminera pas. [Benjamin Netanyahu] ne veut pas que celle-ci se termine, car le jour où cela arrivera, il perdra le pouvoir", affirme une manifestante devant le QG de la Défense, à Tel Aviv.
"Nous avons souffert un terrible pogrom et le gouvernement n'a pas endossé ses responsabilités. Les otages sont toujours détenus à Gaza et nous n'avançons vers aucune solution. Encore une fois, ils planifient la colonisation de Gaza. Ce gouvernement n'est pas légitime", dénonce Yonatan, présent chaque semaine aux mobilisations.
Pour de nombreux manifestants, l'après-guerre à Gaza dépendra du résultat des prochaines élections israéliennes, prévues pour fin 2026. D'ici-là, ils comptent poursuivre les actions afin d'obtenir un scrutin anticipé.
Sharon Aronowicz/iar