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Le président algérien sortant Abdelmadjid Tebboune réélu avec 94,65% des voix

Le président algérien sortant Abdelmadjid. [Keystone]
Le scrutin présidentiel algérien reflète une désaffection plus que persistante depuis des années / La Matinale / 1 min. / le 9 septembre 2024
Le président sortant Abdelmadjid Tebboune a été réélu avec près de 95% des voix lors de l'élection présidentielle de samedi en Algérie, un scrutin toutefois marqué par une participation jugée faible.

Le président de l'autorité électorale (Anie), Mohamed Charfi, a annoncé dimanche une victoire de Abdelmadjid Tebboune avec "94,65% des voix", mais n'a pas fourni de nouveaux chiffres sur la participation, estimée dans la nuit à "un taux moyen de 48,03%".

L'affluence aux urnes était le véritable enjeu du vote, Abdelmadjid Tebboune voulant être "un président normal, pas un président mal élu" comme il y a cinq ans, selon Hasni Abidi, analyste et directeur du Centre d'études Cermam à Genève.

En décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, avait remporté le scrutin présidentiel avec 58% des suffrages, mais une participation de 39,83% (60% d'abstention). A l'époque, l'élection s'était déroulée dans le contexte tendu du Hirak, le mouvement massif pour la démocratie qui venait de chasser du pouvoir son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika.

Face au président sortant, seuls deux candidats étaient en lice: Abdelaali Hassani, un ingénieur de 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, principal parti islamiste) et Youcef Aouchiche, 41 ans, ex-journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d'opposition).

Après avoir annoncé un "taux moyen" inférieur de 7 points à celui de 2019 à 17h00 locales, l'Anie avait prolongé le vote d'une heure samedi jusqu'à 20h00.

Violations dénoncées

La direction de campagne du candidat Hassani a dénoncé dimanche des "violations" et "un retour à des pratiques anciennes", avec des "pressions sur certains responsables de bureaux de vote pour gonfler les résultats", notamment la participation.

Le MSP a qualifié de "terme bizarre" le "taux moyen de participation" annoncé par l'Anie, faisant la moyenne des relevés des différentes régions alors que la participation est habituellement calculée en divisant le nombre d'électeurs par le nombre d'inscrits (24,5 millions au total).

Abdelmadjid Tebboune était donné grand favori du scrutin, bénéficiant de l'appui de quatre formations majeures, notamment le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique).

Les trois candidats ont dit vouloir poursuivre le redressement de l'économie (qui croît au rythme de 4% depuis deux ans) et la rendre moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises).

Une campagne "médiocre"

Pour Hasni Abidi, la faible mobilisation est le résultat d'une "campagne médiocre" et des concurrents de Abdelmadjid Tebboune "pas à la hauteur". Les électeurs se sont dits "à quoi bon voter si tous les pronostics sont en faveur du président", selon l'expert.

Le président sort aisément vainqueur mais "c'est une victoire aux allures d'alerte", faute notamment d'avoir conquis l'électorat des jeunes qui représentent plus de la moitié des 45 millions des Algériens et un tiers de l'électorat, a-t-il ajouté.

Abdelmadjid Tebboune "survivra à un déficit d'adhésion populaire mais à condition de revoir entièrement sa méthode de gouvernance et d'opérer des changements dans son équipe", a estimé Hasni Abidi.

ats/jfe

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