Ni trains, ni bus, ni métro durant 24 heures: la capitale Buenos Aires sonnait creux jeudi, sans une grande partie des 3 millions de personnes qui y transitent chaque jour, la majorité en transports en commun. Un grand nombre de commerces et restaurants étaient cependant ouverts.
Quelque 400 vols ont été annulés, affectant 70'000 passagers, selon l'Association latinoaméricaine du transport aérien, bien que les compagnies "low cost" continuaient d'opérer depuis l'aéroport de Buenos Aires.
Grève plus suivie que la première
"La grève n'a pas de force", a clamé la ministre de la Sécurité Patricia Bullrich, qui a dénoncé des caillassage de bus qui circulaient, un "aveu de faiblesse", selon elle. Son homologue des Transports a lui affirmé que le service public des transports fonctionnait à 40%.
La grève "contre un ajustement brutal, en défense du droit du travail et à un salaire digne", lancée par plusieurs syndicats, paraissait en tout cas bien plus suivie que celle du 24 janvier (12 heures seulement), un semi-échec raillé par le gouvernement comme la grève "la plus rapide de l'histoire", car annoncée en décembre, 18 jours après l'investiture de Javier Milei.
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Cette fois encore, la présidence a dénoncé une grève "strictement politique" par des syndicats qui vont "à l'encontre de ce que les gens ont voté il y a cinq mois". "Ce gouvernement a eu plus de grèves que de réformes, c'est assez extravagant", a ironisé le porte-parole présidentiel.
L'impact politique devrait s'avérer moindre que les grandes marches pour la défense de l'université du 24 avril, qui avaient réuni un million de manifestants à travers le pays, la plus forte mobilisation hostile à Javier Milei à ce jour.
Javier Milei encore bien soutenu
Selon le politologue Gabriel Vommaro, le président argentin, élu comme "homme providentiel arrivé pour résoudre des problèmes que les élites d'avant avaient laissé traîner, conserve dans l'opinion des noyaux de soutien indemnes ou du moins assez solides".
De fait, malgré une légère inflexion en avril, plusieurs sondages récents voient Javier Milei osciller entre 45 et 50% d'image positive, alors qu'il avait été élu avec 56%. Une forme de stabilité spectaculaire pour un gouvernant qui a infligé en peu de mois, entre dévaluation, prix libérés, dépenses et aides publiques "tronçonnées", "l'ajustement le plus grand de l'histoire de l'humanité".
Le président, "sans pour autant changer sa personnalité et son discours agressif", est en outre en train de vivre "un apprentissage politique", considère Rosendo Fraga, politologue de l'Académie des sciences morales et politiques. A ce titre, l'adoption fin avril à la Chambre basse de son train de réformes dérégulatrices - un projet amendé, rétréci, raboté - est "importante", car elle montre un Javier Milei "plus flexible dans la pratique, assouplissant l'idéologie" et qui "peut articuler une coalition pour gouverner, malgré sa faible force" de 37 députés sur 257.
ats/iar