Han Dong-hoon, le chef du Parti du pouvoir au peuple (PPP) auquel appartient Yoon Suk Yeol, a changé d'avis vendredi, après avoir affirmé la veille que sa formation ferait échec à la motion en destitution déposée par l'opposition au Parlement.
Si le chef d'Etat reste à son poste, "il existe un risque important que des actions extrêmes similaires à la déclaration de la loi martiale soient répétées", a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée.
Le responsable du parti a également dit détenir des "preuves" que le président avait ordonné l'arrestation de dirigeants politiques dans la nuit de mardi à mercredi, lorsqu'il avait déclaré la loi martiale et envoyé l'armée boucler le Parlement, avant d'y renoncer.
Craintes d'une deuxième loi martiale
"Nous recevons de nombreuses informations concernant une seconde loi martiale. Jusqu'au vote de la loi de destitution samedi, tous les membres du Parti démocrate demeureront dans le bâtiment principal de l'Assemblée nationale", a déclaré le chef du Parti démocrate, la principale force d'opposition.
"Il n'y a pas de deuxième loi martiale", a assuré un responsable de l'état-major. Les Sud-Coréens "n'ont pas besoin de s'inquiéter", a renchéri un porte-parole du ministère de la Défense.
Si le président ne démissionne pas avant, le Parlement monocaméral sud-coréen se réunira samedi à 19h00 — 11h00 en Suisse — pour se prononcer sur sa destitution. Une majorité des deux tiers des 300 députés est nécessaire pour le chasser du pouvoir.
Enquête pour "rébellion"
Si la motion est approuvée, Yoon Suk Yeol sera suspendu de ses fonctions en attendant la validation de sa destitution par la Cour constitutionnelle. Si les juges donnent leur feu vert, une nouvelle élection présidentielle aura lieu sous 60 jours. L'intérim serait alors assuré par le Premier ministre Han Duck-soo.
Le président, qui a disparu de la scène publique depuis mercredi, est par ailleurs visé par une enquête pour "rébellion". Sa cote de popularité a atteint son plus bas niveau, 13%, selon un sondage Gallup publié vendredi.
Tentative de museler le Parlement
A la surprise générale, le président avait décrété la loi martiale mardi soir et tenté de museler le Parlement, où son camp est minoritaire, en y envoyant l'armée. Il avait justifié son coup de force par la nécessité de protéger "la Corée du Sud libérale des menaces des forces communistes nord-coréennes et pour éliminer les éléments hostiles à l'Etat".
Malgré le bouclage de l'Assemblée, 190 députés avaient réussi à se faufiler à l'intérieur dans la nuit, parfois en escaladant les clôtures, et à voter à l'unanimité une motion réclamant la levée de loi martiale, pendant que leurs assistants empêchaient les soldats de pénétrer dans l'hémicycle en barricadant les portes avec des meubles.
ats/mera