L'assassin, un jeune islamiste radical russe de 18 ans d'origine tchétchène, bénéficiaire du statut de demandeur d'asile en France, sera le grand absent du procès: il a été tué par la police peu après avoir poignardé et décapité le professeur à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne.
Deux jeunes amis de l'assaillant doivent répondre de "complicité d'assassinat terroriste", un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres accusés, dont trois sous contrôle judiciaire, comparaissent libres, sont jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, un crime passible de 30 ans de réclusion criminelle.
Ceux qui ont relayé des affirmations mensongères
Parmi les accusés figurent un Marocain de 52 ans, le père de la collégienne de 13 ans qui avait affirmé de façon mensongère — elle était absente au cours — que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter sa classe avant de montrer des caricatures de Mahomet, et un militant islamiste franco-marocain de 65 ans.
Ces deux hommes, en détention provisoire depuis quatre ans, ont massivement relayé les mensonges de l'adolescente sur les réseaux sociaux dans le but, selon l'accusation, de "désigner une cible", "susciter un sentiment de haine" et "ainsi préparer plusieurs crimes". Ils sont tous deux accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste.
La collégienne de 13 ans et cinq autres ex-collégiens ont été condamnés l'automne dernier à des peines allant de 14 mois avec sursis à deux ans dont six mois ferme à l'issue d'un procès à huis clos devant le tribunal pour enfants.
>> Pour en savoir plus, lire : Le verdict est tombé pour 6 jeunes impliqués dans l'assassinat de Samuel Paty en France
Pour une "prise de conscience face à un péril mortel"
Cette audience publique "doit non seulement aboutir à la condamnation sévère de ceux qui y ont concouru, mais aussi permettre une prise de conscience de notre société face à un péril mortel", souhaitent les avocats de la famille du professeur assassiné.
L'audience présidée par Franck Zientara, un magistrat chevronné qui a notamment dirigé le procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, l'assassinat d'un prêtre par deux islamistes radicaux près de Rouen en 2016, a lieu dans la salle des "grands procès" du palais de justice de Paris, là où se sont déroulés ceux des attentats djihadistes du 13 novembre 2015 à Paris, ainsi que ceux du 14 juillet 2016 à Nice.
Le procès est aussi l'occasion d'évoquer la figure de Samuel Paty, un homme "esseulé, apeuré, aux abois", selon les magistrats instructeurs. "Je suis menacé par des islamistes locaux", avait-il écrit à ses collègues quatre jours après son cours sur la liberté d'expression. A aucun moment, l'enseignant menacé n'a toutefois bénéficié d'une protection policière.
ats/juma