Modifié

Le processus d'adhésion à l'UE, considéré comme fastidieux, nourrit espoirs et lassitude

Après dix ans de procédures, l’Albanie va-t-elle finalement rejoindre l’Union européenne?
Après dix ans de procédures, l’Albanie va-t-elle finalement rejoindre l’Union européenne? / La Matinale / 4 min. / le 18 octobre 2024
L'Albanie entame son processus d'adhésion à l'Union européenne après dix ans d'attente, mais le chemin est encore difficile avant que la nation ne devienne Etat membre. Face à une procédure complexe et chronophage, des spécialistes préconisent une réforme sur les ondes de la RTS.

L'Albanie, officiellement candidate à l'Union européenne, rejoint La Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie et la Bosnie, qui ont acquis ce statut respectivement en 2005, 2010, 2012 et 2022. Le Kosovo, quant à lui, ne sait pas s'il pourra un jour le décrocher puisque plusieurs pays membres de l'UE ne reconnaissent pas son indépendance.

Le processus d'adhésion est chronophage: les négociations sont divisées en 35 chapitres couvrant différents thèmes politiques, de la justice à l'environnement en passant par l'économie.

Une démarche complexe

Les pays candidats doivent prouver qu'ils respectent les conditions européennes requises dans chaque domaine, comme l'explique Florent Marciacq dans La Matinale de la RTS vendredi. Ce processus est "profondément politique", souligne-t-il.

Ces critères, en outre, sont "difficiles à atteindre". Les pays devraient bénéficier d'une "croissance supérieure à l'Union européenne pour pouvoir rattraper les Etats membres", selon le co-directeur de l’Observatoire des Balkans à la Fondation Jean Jaurès.

Un processus à réformer?

A l'heure actuelle, seule la Croatie a réussi à intégrer l'UE en 2013, alors que les candidats actuels se situent au point mort. Cet état de fait signifie, pour Florent Marciaq, que le système d'adhésion nécessite un renouvellement.

Le processus ne génère ni "développement économique", ni une "réconciliation" dans une région où les nationalismes sont puissants. "Il a nourri une dérive autocratique, notamment en Serbie, alors qu'il a vocation à soutenir la démocratie", dénonce le spécialiste.

Nourrir l'espoir

Ces temps d'attente provoquent de la fatigue et de la lassitude, alors que d'autres acteurs — comme la Russie ou la Chine — en profitent pour gagner du terrain, alors que les nationalismes et les tensions grimpent dans la région.

En Serbie, plus de citoyens soutiennent une adhésion aux BRICS+ qu'à l'UE, relève Florian Bieber, coordinateur du BIEPAG, un groupe d’experts sur la question de l’intégration des pays des Balkans dans l’Union européenne.

S'il s'agit d'une "exception" dans la région, il ne faut pas que le "peuple perde espoir", précise le politologue. La promesse, pour ces pays, de devenir un Etat membre de l'UE a permis d'assurer la paix après les guerres des années 1990, leur donnant "une perspective", explique-t-il.

De son côté, le spécialiste Florent Marciacq estime qu'une intégration des pays balkaniques dans l'UE permettrait de redonner du tonus au projet européen, en redéfinissant des priorités pour tous les Etats membres.

>> Lire aussi : Il y a 25 ans, l'Otan bombardait la Yougoslavie de Slobodan Milosevic

Sujet radio: Aleksandra Planinic

Adaptation web: Mérande Gutfreund

Publié Modifié