Le retour du service militaire en Europe, une réponse aux inquiétudes face à la menace de guerre
Au Royaume-Uni, en cas de victoire des conservateurs aux élections législatives du 4 juillet, le Premier ministre Rishi Sunak envisage le retour de la conscription obligatoire, plus de 60 ans après son abolition. C’est l’une des idées fortes de son programme électoral.
Les jeunes Britanniques de 18 ans auraient le choix entre une version militaire, qui implique un an de service dans les forces armées, et une version civile, qui consiste à faire du bénévolat un week-end par mois dans une institution comme le service de santé national, la police ou les pompiers.
Reconstruction du lien entre la jeunesse britannique et l’armée
Ces dernières années, le recrutement de jeunes est devenu une préoccupation. Car les salaires sont bas et les guerres en Irak ainsi qu'en Afghanistan ont laissé de mauvais souvenirs. En moins de 15 ans, les effectifs de l’armée ont rétréci de 25%. Le rétablissement du service militaire pourrait donc aider à réconcilier la jeunesse avec l’armée.
Il est important de noter que cela ne concernerait que 5% des jeunes, car seules 30’000 places seraient disponibles chaque année pour un contingent d’environ 700’000 jeunes.
L’idée d’un service national facultatif est généralement bien accueillie, tant que le recrutement reste volontaire. Cependant, sa concrétisation semble peu probable. En effet, selon les sondages actuels, le Premier ministre sortant a très peu de chance de se maintenir au pouvoir.
Le projet allemand pour une armée renforcée
En Allemagne, bien que le service militaire obligatoire ait été aboli en 2011, le ministre de la Défense Boris Pistorius a récemment présenté un projet pour le rétablir, une démarche qui s’aligne sur celle du Royaume-Uni, mais avec une approche plus concrète.
>> Lire aussi à ce sujet : L'Allemagne envisage de rétablir le service militaire
Tous les jeunes hommes en âge de servir seraient tenus de remplir un formulaire détaillant leurs qualifications, leur motivation éventuelle à servir ou à ne pas servir dans l’armée et leurs aptitudes physiques. Pour les femmes, ce formulaire serait facultatif.
Sur la base de ces réponses fournies par environ 400’000 personnes, une sélection serait effectuée pour convoquer finalement entre 40’000 et 50’000 jeunes. L’objectif serait de les convaincre de s’engager. Dans un premier temps, le ministre de la Défense prévoit d’accueillir 5000 nouvelles recrues par an.
Actuellement composée de 180’000 soldats professionnels, la Bundeswehr aurait besoin de 20’000 recrues supplémentaires qu’elle peine à trouver. En cas d’invasion, l’effectif nécessaire est estimé à plus de 450’000 soldats.
Une pratique restée courante dans les pays baltes
L’Estonie, le pays le plus septentrional des trois pays baltes, n’a jamais aboli la conscription. En 2015, un an après l’annexion de la Crimée par la Russie, la Lituanie a réintroduit le service militaire. Plus récemment, il y a un an, la Lettonie a réagi à la guerre en Ukraine en suivant le même chemin, envoyant ses premiers appelés faire leur service.
Cependant, tous les jeunes hommes ne sont pas appelés à servir. En Estonie, par exemple, à leur majorité, tous les hommes sont convoqués devant une commission militaire, mais ils ne font pas tous leur service. L’année prochaine, l’Estonie prévoit d'appeler 4000 personnes.
La situation évolue également en Lituanie. Jeudi dernier, le Parlement a adopté de nouvelles dispositions. A partir, de 2026, tous les garçons âgés de 18 à 22 ans seront appelés à effectuer un service de neuf mois. Les filles peuvent se porter volontaires.
Dans les pays baltes, la défense est une responsabilité collective et non pas seulement celle de l'armée. C'est ce que l'on appelle le principe de défense générale. Des associations civiles de défense, supervisées par l’armée, impliquent des volontaires dans des activités de combat et de logistique. En Estonie, 18’000 personnes sur un peu plus d’un million d’habitants participent à cette ligue de défense.
Sujet radio: Catherine Ilic/ Blandine Milcent/ Marielle Vitureau
Adaptation web: Miroslav Mares