"Le RN a voulu faire de la concentration horizontale, c'est-à-dire qu'il n'a pas d'alliés, seulement des ralliés, et cela ne fonctionne pas", observe Arnaud Stéphan, chroniqueur à BFMTV.
"La raison est simple: il faut des réserves de voix. Au soir du premier tour, en réalité, le RN n’avait pas de réserve de voix, car il n’avait pas d’alliés susceptibles de lui fournir l’oxygène nécessaire pour opérer cette bascule. [...] La réalité, c'est que la coalition avec Monsieur Ciotti n'était pas sérieuse", ajoute-t-il.
Le RN n'a pas d'alliés, seulement des ralliés, et cela ne fonctionne pas.
Selon lui, proclamer que l’on est prêt ne suffit pas pour être véritablement prêt. Depuis longtemps, après 2022, lorsque le président n’avait plus de majorité absolue, le RN avait anticipé des élections législatives anticipées et avait élaboré un plan "Matignon".
Cependant, compte tenu de l’ampleur du travail, ce plan semble ne pas avoir été suffisamment préparé, estime-t-il. "Peut-être qu'aujourd'hui, le RN n'a ni les ressources en termes humains ni les structures pour s'affronter à un tel pari", affirme le proche de Marine Le Pen.
L'efficacité du barrage républicain a surpris tous les observateurs
"L’ingénierie politique, qui a consisté à organiser des désistements massifs dans toute la France, a très bien fonctionné", commente Arnaud Stéphan. Il note que de nombreux candidats du RN ont échoué, parfois à quelques centaines de voix près.
Richard Werly, correspondant parisien du Blick et auteur de "La France contre elle-même", admet qu’il n’avait pas anticipé l’impact radical de ce barrage républicain. Il a été étonné de constater que l’électorat centriste a voté en masse pour les candidats de La France insoumise, alors qu’il pensait qu’ils opteraient pour un vote blanc ou se rallieraient à Marine Le Pen.
Les faux pas du Rassemblement national entre les deux tours
Richard Werly ajoute qu'entre les deux tours, il y a eu de nombreux couacs, peut-être sous-estimés, de la part du RN. Des vidéos, des photos et des déclarations antérieures de certains candidats ont été largement diffusés.
Pas mal de preuves d'amateurisme et d'incompétence sont remontées à la surface. Je crois que les électeurs l'ont quand même décelé.
Le parti s’est retrouvé dans une situation contradictoire: il devait montrer qu’il était prêt à assumer le pouvoir, mais en même temps, de nombreuses preuves d’amateurisme et d’incompétence sont remontées à la surface, selon l'analyse Richard Werly.
>> Plus de détails dans notre article : Elections législatives françaises: ces candidats qui mettent leur parti dans l'embarras
Arnaud Stéphan insiste sur le fait que le RN n’est pas le perdant de ces élections: "Celui qu'on annonce comme étant le vaincu de ces législatives est le parti qui, de loin, a fait le plus gros score".
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Propos recueillis par: Valérie Hauert/Eric Guevara-Frey
Adaptation web: Miroslav Mares