Le Royaume-Uni organisera des législatives le 4 juillet avec les travaillistes pour favoris
C'est sous la pluie et la voix parfois couverte par de la musique venant des rues voisines que le chef du gouvernement, sur le perron du 10, Downing Street, a fait part de sa décision surprise de demander à Charles III de dissoudre le Parlement. "Le roi a accédé à cette demande et des élections législatives se tiendront le 4 juillet", a-t-il déclaré.
Rishi Sunak se bornait jusqu'à présent à évoquer des élections "au second semestre" alors que le scrutin pouvait se tenir en théorie jusqu'en janvier 2025. Mais face aux sondages calamiteux pour les conservateurs, la pression se faisait de plus en plus forte pour clarifier ses intentions.
Une série de bonnes nouvelles sur le plan économique - retour de la croissance et coup de frein à l'inflation - ont fini par le convaincre de se lancer. "Au cours des prochaines semaines, je me battrai pour chaque vote", a insisté Rishi Sunak. "Je gagnerai votre confiance et je vous prouverai que seul un gouvernement conservateur que je dirige ne mettra pas en péril notre stabilité économique durement acquise et pourra restaurer la fierté et la confiance dans notre pays", a-t-il ajouté, accusant le Labour de n'avoir "aucun projet".
"Le temps du changement est venu!"
Après 14 ans de pouvoir conservateur marqués par le référendum du Brexit et cinq Premiers ministres conservateurs successifs, les Britanniques semblent pourtant décidés à tourner la page et à envoyer le travailliste Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans au 10, Downing Street. Elu à la tête de son parti en 2020 à la suite du très à gauche Jeremy Corbyn, il a méthodiquement recentré le Labour et s'est attelé à se construire une image de dirigeant compétent et sérieux, prudent sur le plan économique et financier, et ferme sur les questions sécuritaires et migratoires.
Cette stratégie semble avoir payé: selon un sondage YouGov, Keir Starmer, avec 51% d'opinions défavorables, est l'homme politique le moins impopulaire du Royaume-Uni, contre 71% pour Rishi Sunak. Le Labour est considéré par les sondés comme étant mieux placé que les Tories pour gérer tous les sujets sauf la défense, y compris la fiscalité, l'immigration ou la sécurité qui sont traditionnellement les domaines de prédilection des conservateurs.
"Le temps du changement est venu!", a lancé Keir Starmer dans un discours après l'annonce des élections, présentant le vote Labour comme un vote "pour la stabilité, économique et politique". "Nous pouvons mettre fin au chaos, nous pouvons tourner la page, nous pouvons commencer à reconstruire le Royaume-Uni et changer notre pays", a-t-il insisté.
Donnés perdants après 13 ans au pouvoir, les conservateurs britanniques en congrès
Labour nettement en tête des sondages
Les sondages donnent le Labour, positionné au centre-gauche, autour de 45% des intentions de vote, loin devant les conservateurs, relégués entre 20% et 25%, et le parti anti-immigration et anti-politiques climatiques Reform UK (12%). Avec un mode de scrutin à la majorité simple à un tour dans les 650 circonscriptions du Royaume-Uni, de tels résultats se traduiraient par une large majorité pour les travaillistes.
Pour les Tories, que Boris Johnson avaient menés à une victoire historique en 2019, les pronostics sont cataclysmiques. Plus de 60 députés conservateurs sur 344 ont déjà renoncé à se représenter, y compris des poids-lourds du parti. Même en Ecosse, les indépendantistes, tout-puissants ces dernières années, sont désormais distancés dans les sondages par le Labour.
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agences/vic
Le chemin de croix de Rishi Sunak
Choisi par les députés de son parti en octobre 2022, Rishi Sunak était censé incarner avec son passé de banquier d'affaires et de ministre des Finances travailleur le retour du sérieux après les scandales de l'ère Boris Johnson et la quasi-crise financière provoquée par les 49 jours de Liz Truss au pouvoir.
Mais son mandat a tourné au chemin de croix, les Britanniques semblant épuisés par la baisse du pouvoir d'achat des deux dernières années, le déclin des services publics - surtout du système de santé, à bout de souffle - , la hausse des taux d'intérêt ou encore la crise du logement. Sans parler des déchirements dans la majorité, où les luttes internes s'affichent ouvertement.
Rishi Sunak s'est montré incapable de redresser la barre malgré ses tentatives répétées de se relancer, d'afficher son autorité ou de séduire sa base avec des projets comme celui visant à envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda.