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Le Sénégal interdit une marche contre le report de la présidentielle

Depuis le report de l'élection présidentielle au Sénégal, les mouvements de contestation sont violemment réprimés
Depuis le report de l'élection présidentielle au Sénégal, les mouvements de contestation sont violemment réprimés / 19h30 / 2 min. / le 13 février 2024
Les autorités sénégalaises ont interdit une grande marche prévue par la société civile mardi à Dakar. Les organisateurs ont donc décidé de repousser cette manifestation contre le report de la présidentielle et la prolongation du mandat du chef de l'Etat.

Le nouveau collectif Aar Sunu Election ("Protégeons notre élection"), qui revendique plusieurs dizaines d'organisations syndicales et de groupes citoyens et religieux, appelait les Sénégalais à se rassembler massivement pour une marche silencieuse à partir de 15h (16h en Suisse) dans un quartier proche du centre de la capitale.

La préfecture a interdit la manifestation parce qu'elle "risque de perturber gravement" la circulation, dit une lettre officielle publiée sur les réseaux sociaux et que des représentants du collectif ont confirmé avoir reçue.

Quatre représentants ont indiqué que la marche était repoussée, peut-être à vendredi selon certains d'entre eux.

Les manifestations sont soumises à un régime d'autorisation. Les autorités ont refusé d'autoriser de nombreux rassemblements de l'opposition ces dernières années.

Contestation réprimée

Les manifestations non-autorisées ont communément dégénéré en heurts, comme cela a été le cas vendredi, quand une contestation d'ampleur a été réprimée par les forces de sécurité. Trois personnes ont été tuées. De nombreux Sénégalais avaient voulu répondre à un appel - aux auteurs non identifiés - diffusé sur les réseaux sociaux, mais les policiers et les gendarmes les en avaient empêchés par la force.

Le Sénégal est en proie à l'une de ses plus graves crises politiques des dernières décennies depuis que le président Sall a annoncé le report de la présidentielle le 3 février, à trois semaines de l'échéance.

>> Pour en savoir plus, lire : Le Sénégal s'enlise dans la crise après la répression de manifestations

Ses partisans à l'Assemblée nationale et ceux de Karim Wade, candidat disqualifié, ont ensuite entériné le renvoi de l'élection au 15 décembre et le maintien du président Sall à son poste jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, a priori donc début 2025.

Ce changement in extremis, exceptionnel dans un pays vanté pour sa stabilité et ses pratiques démocratiques, a provoqué des cris de "coup d'Etat constitutionnel".

Crainte de nouvelles violences

La gravité de la crise fait craindre un nouvel épisode de violences comme le pays en a connu en mars 2021 et juin 2023 autour du sort de l'opposant antisystème Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle, aujourd'hui détenu et écarté de la course.

Le flou entretenu par le président Sall sur sa candidature à un troisième mandat avait alors alimenté les tensions jusqu'à ce qu'il annonce en juillet 2023 qu'il s'en tiendrait là.

Des dizaines de personnes ont été tuées depuis 2021 selon les défenseurs des droits humains, et des centaines arrêtées.

La réponse des autorités aux récentes tentatives de mobilisation, l'usage de la force, les arrestations, les mauvais traitements subis par un certain nombre de journalistes selon les organisations de presse, la suspension provisoire de l'internet des données mobiles et la coupure pendant quelques jours du signal d'une télévision critique du pouvoir leur ont attiré de nouvelles critiques.

ats/juma

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