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Le Sénégal s'enlise dans la crise après la répression de manifestations

Le président sénégalais Macky Sall a annoncé le report de la présidentielle prévue le 25 février à une date indéterminée. [Reuters - Zohra Bensemra]
Le Sénégal s'enfonce dans la crise / Le Journal de 8h / 16 sec. / le 10 février 2024
Le Sénégal semble s'enfoncer dans la crise après la répression de manifestations, au cours desquelles deux étudiants ont été tués, dans ce pays secoué depuis plusieurs jours par le report controversé de la présidentielle.

Des manifestations contre ce report et le pouvoir du président Macky Sall ont eu lieu vendredi à Dakar ainsi que dans plusieurs villes du pays, notamment à Saint-Louis, dans le nord du pays, où un étudiant en deuxième année de licence de géographie a été tué.

Un marchand ambulant a aussi perdu la vie à Colobane, un quartier animé de Dakar.

Des gaz lacrymogènes utilisés

A Dakar, la police a fait un usage abondant de gaz lacrymogènes pour disperser les centaines de personnes qui cherchaient à se rassembler aux abords de la place de la Nation au cours d'une journée test sur le rapport de force entre le pouvoir, la société civile et l'opposition.

Cette mobilisation sur tout le territoire sénégalais est la première contestation d'ampleur depuis le report du scrutin présidentiel initialement prévu le 25 février, qui a ouvert une grave crise politique au Sénégal et plongé le pays dans une période d'incertitude.

Dans la capitale, l'autoroute et des axes importants ont été bloqués. Tous les accès à la place de la Nation ont été fermés par les autorités. Des manifestants ont riposté en lançant des pierres et en érigeant des barricades avec des objets de fortune - des planches et des pierres - et en incendiant des pneus.

Reporters sans Frontières s'est "indigné" du ciblage d'au moins cinq journalistes par les policiers lors des manifestations à Dakar. Une journaliste du site Seneweb a été brutalement interpellée et a été hospitalisée suite à un malaise, selon l'ONG. Un autre journaliste du journal Enquête a été frappé à la mâchoire et des gaz lacrymogènes ont visé le siège d'une télévision privée.

Indignation sur le report de la présidentielle

Le report de la présidentielle de 10 mois a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux. L'opposition crie au "coup d'Etat constitutionnel". Elle soupçonne une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel, voire pour maintenir le président Sall à la tête du pays encore plusieurs années. Un collectif de 14 candidats de l'opposition a déposé un recours devant la Cour suprême.

>> Pour en savoir plus, lire : Au Sénégal, le président Macky Sall annonce le report de la présidentielle à une date indéterminée

Les tentatives de manifestations depuis l'annonce du report ont été réprimées et des dizaines de personnes interpellées. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021 lors de différents épisodes de contestation.

afp/juma

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