Ce vétéran discret de la vie politique a canalisé les espoirs des Russes opposés à la politique du Kremlin, en l'absence d'autres figures d'opposition plus connues qui sont toutes en exil ou en prison. Il a indiqué vouloir contester en justice le rejet de sa candidature, mais ses chances de succès sont quasi-nulles.
La Commission électorale, l'instance chargée d'organiser les scrutins, fidèle au Kremlin, a voté à l'unanimité le refus d'enregistrer la candidature de Boris Nadejdine, âgé de 60 ans. Elle lui reproche des irrégularités dans la collecte des 100'000 signatures d'électeurs le soutenant, nécessaires pour pouvoir se présenter à la présidentielle.
"Participer à l'élection présidentielle de 2024 est la décision politique la plus importante de ma vie. Je ne reviens pas sur mes intentions. Je ferai appel de la décision de la Commission électorale auprès de la Cour suprême", a déclaré l'opposant quelques instants avant le verdict.
Et en cas de refus de la Cour suprême, il a promis de saisir la Cour constitutionnelle, la plus haute instance juridique du pays. "Nous créerons un mouvement, nous avons déjà un parti!", a poursuivi Boris Nadejdine, avant de lancer: "Tôt ou tard, je deviendrai président de la Fédération de Russie".
L’espoir d’une justice équitable
Dans un contexte de répression systématique de toute contestation du pouvoir en Russie, la réélection du président sortant Vladimir Poutine au scrutin organisé du 15 et 17 mars ne fait aucun doute.
Il est peu probable que la Cour suprême ou la Cour constitutionnelle, deux autres institutions fidèles au Kremlin, rendent une décision favorable à Boris Nadejdine, même si l'opposant a dit "compter sur le système judiciaire russe pour régler la situation".
Même dans le cas peu probable d'une participation à la présidentielle, Boris Nadejdine ne se fait guère d'illusions sur ses chances de succès face à Vladimir Poutine. Il avait néanmoins dit en fin janvier espérer que le scrutin présidentiel puisse marquer le "début de la fin" de l'ère Poutine.
"Des dizaines de millions de personnes allaient voter pour moi. Je suis en deuxième position derrière Poutine!", a clamé Boris Nadejdine jeudi devant la Commission.
Un opposant déterminé face à Poutine
Ancien député libéral à la carrière politique jusque-là discrète, Boris Nadejdine promet d'arrêter le "cauchemar" de l'offensive en Ukraine, de mettre fin à la "militarisation" de la Russie et libérer "tous les prisonniers politiques" comme l'opposant Alexeï Navalny détenu dans l'Arctique.
Peu connu hors du minuscule milieu libéral, l'intéressé raconte s'être lancé en octobre parce qu'aucune figure anti-Poutine plus célèbre n'avait sauté le pas.
Le Kremlin, lui, n'a pas caché son dédain pour cet opposant. "On ne le considère pas comme un concurrent", avait lâché fin janvier à la presse Dmitri Peskov, porte-parole du président russe.
Dmitri Peskov a martelé jeudi aux journalistes que la Commission électorale avait repéré "un grand nombre d'erreurs dans les signatures" de Boris Nadejdine "Il s'agit d'un critère important qui n'a pas été respecté", a-t-il assuré.
afp/miro