Le "Super Tuesday", une étape-clé de la présidentielle américaine aux enjeux limités cette année

Qu'est-ce que le "Super Tuesday"?

Les primaires et les caucus sont un processus complexe précédant la présidentielle américaine, qui visent à déterminer quels candidats représenteront les camps démocrate et républicain le jour J. Concrètement, il s'agit d'élections indirectes, car les citoyennes et les citoyens élisent les délégués qui seront chargés de désigner le candidat du parti lors des conventions nationales durant l’été. En résumé, on choisit un délégué qui soutient son candidat favori afin qu'il vote pour lui lors de la convention.

Les primaires se déroulent sur plusieurs mois et les votes des différents Etats permettent habituellement de peu à peu savoir qui seront les candidats. Cette année toutefois, il ne fait guère de doute que ce seront Joe Biden et Donald Trump. Une fois n'est pas coutume, l'attention médiatique sur ce mardi électoral d'ordinaire capital s'en trouve ainsi largement réduite.

La tradition du Super Tuesday est toutefois maintenue. Elle remonte à quelques années quand certains Etats ont voulu éviter de voter en dernier, quand le résultat est déjà connu, et se sont regroupés pour organiser leurs votes au même moment. Il s'agit traditionnellement d'un mardi, d'où le nom de Super Tuesday.

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Keystone - EPA/Jim Lo Scalzo

Qui vote?

Durant ce Super Tuesday, des primaires républicaines et démocrates sont organisées dans 15 Etats, ainsi que le petit territoire des Samoa américaines, dans le Pacifique. Il s'agit de l'Alabama, l'Alaska, l'Arkansas, la Californie, le Colorado, le Maine, le Massachusetts, le Minnesota, la Caroline du Nord, l'Oklahoma, le Tennessee, le Texas, l'Utah, le Vermont, la Virginie,

Des dizaines de milliers d'électeurs et électrices vont ainsi choisir leur candidat durant cette seule journée. Lors de ces scrutins, près du tiers du total des délégués nécessaires à un candidat pour être investi lors de la convention nationale de chacun des partis sont désignés: 865 des 2429 délégués côté républicain et 1420 des 3936 délégués chez les démocrates.

Les enjeux côté républicain

Donald Trump entend profiter du Super Tuesday pour être intronisé comme le champion incontesté des républicains et enterrer définitivement sa rivale Nikki Haley, pour se consacrer à son nouveau duel face à Joe Biden.

En dépit de ses ennuis judiciaires, l'ancien président de 77 ans a gagné quasiment toutes les primaires organisées par son parti depuis janvier et a, ce faisant, évincé une grande partie de la concurrence. Il est désormais l’immense favori de la course à l’investiture.

Nikki Haley, 52 ans, est la seule à encore lui barrer la route. L'ancienne gouverneure de Caroline du Sud, qui incarne une aile plus traditionnelle du Parti républicain, promet de rétablir la "normalité" face au "chaos de Trump". Mais elle a enchaîné les défaites lors de ces primaires hormis une victoire symbolique dimanche dans la capitale Washington.

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>> Lire aussi : Nikki Haley remporte sa première primaire face à Donald Trump à Washington DC

Selon les sondages, Donald Trump pourrait rafler la totalité des Etats en jeu mardi. Si cela se confirme, l’ex-ambassadrice de l'ONU devra décider si elle s’accroche et reste dans la course ou si elle laisse la voie libre à Donald Trump. Elle a toujours dit qu’elle continuerait au moins jusqu’au Super Tuesday.

Les primaires peuvent en théorie s'étirer jusqu'en juillet. Mais l'équipe de Donald Trump prévoit une victoire "le 19 mars" au plus tard, après des scrutins notamment en Géorgie et en Floride.

Les enjeux côté démocrate

Côté démocrate, le président Joe Biden, 81 ans, est candidat à sa réélection et ne fait face à aucune opposition sérieuse. Les candidatures de deux démocrates lancés à sa poursuite, l'élu du Minnesota Dean Phillips et l'autrice à succès Marianne Williamson, n'ont jamais vraiment suscité d'enthousiasme, malgré les critiques récurrentes exprimées par les électeurs sur l'âge du président ou son soutien à Israël.

Ainsi, les élections de mardi relèvent tout au plus de la formalité pour Joe Biden. Le dirigeant défendra toutefois son bilan et déroulera sa vision pour l'Amérique lors d'un grand discours de politique générale au Congrès, le traditionnel "State of the Union" jeudi.

Frédéric Boillat avec afp