Les dirigeants espagnols accueillis aux cris d'"assassins!" par les sinistrés de la région de Valence
La visite dimanche du roi Felipe VI d'Espagne et de la reine Letizia sur les lieux des inondations meurtrières survenues dans la région de Valence a été suspendue, a annoncé la télévision nationale.
La décision a été prise après les scènes de chaos, proches de l'émeute, qui ont eu lieu lors de la première étape de cette visite, à Paiporta, dans la banlieue de Valence. Une foule en furie a insulté le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez et le président régional de droite Carlos Mázon, leur jetant divers objets et de la boue.
Les souverains, qui n'étaient pas visés, ont reçu de la boue sur le visage et sur leurs vêtements, a constaté une journaliste de l'AFP, une situation inédite dans toute l'histoire de la monarchie espagnole. Impassibles et dignes tout au long de cet épisode, ils sont restés environ une heure sur place pour parler aux résidents et essayer de calmer leur colère avant de partir.
Le Premier ministre et le président de la région évacués par la police
Pour leur part, Pedro Sánchez et Carlos Mázon ont rapidement quitté les lieux, évacués par des services de protection visiblement très inquiets par ce qui s'apparentait à une scène d'émeute.
L'hostilité de ces habitants est en particulier dirigée contre le président de droite de la région de Valence Carlos Mazón et le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez. "Mazón démission!", "combien de morts?", "dehors!", hurlait la foule qui accuse les autorités de les avoir abandonnés à leur sort.
Fortes pluies attendues
La visite des souverains survient alors que l'Agence météorologique espagnole (Aemet) a émis une nouvelle alerte orange pour de fortes pluies dans la région de Valence, où pourraient tomber par endroits 100 litres d'eau par mètre carré (soit 10 cm). Une alerte rouge - synonyme de danger extrême - a, par ailleurs, été émise pour la province d'Alméria, en Andalousie (sud), en raison d'un risque d'inondations.
Selon un dernier bilan, 217 personnes ont péri dans les inondations, dont 213 dans la seule région de Valence, trois en Castille-la-Manche, où le corps sans vie d'une sexagénaire de Letur portée disparue mardi a été découvert dimanche matin, et une en Andalousie.
Situation dramatique sur le terrain
Les autorités s'attendent à ce que le bilan s'alourdisse. "Il reste encore des rez-de-chaussée inondés ou des garages, des sous-sols et des parkings à déblayer et il est prévisible que des personnes décédées se trouvent dans ces espaces", a ainsi déclaré le ministre des Transports, Oscar Puente, dans un message sur X.
Selon lui, le bilan a relativement peu évolué depuis 48 heures parce que les secours ont d'abord exploré "les zones plus accessibles", situées "en superficie".
Au Vatican, le pape François a dit dimanche "prier pour Valence et les autres personnes en Espagne qui souffrent tant actuellement".
Sur le terrain, la population reste confrontée à une situation dramatique, alors que de nombreuses infrastructures de transport et de télécommunications ont été détruites ou mises hors service. Dans beaucoup de localités, des tas de voitures et de débris boueux jonchent encore la chaussée.
Nouvelles interpellations
Face à ce chaos, Pedro Sánchez avait annoncé samedi l'envoi de 5000 soldats supplémentaires dans la région, portant leurs effectifs à 7500, soit le "plus gros déploiement de forces armées jamais effectué en Espagne en temps de paix", selon ses termes.
A ces militaires s'ajoutent 5000 policiers et gardes civils chargés d'épauler leurs 5000 collègues déjà sur le terrain.
Par ailleurs, 20 nouvelles interpellations ont eu lieu samedi soir pour des faits de vols et de pillages, a annoncé la police, portant à une centaine le nombre total de personnes arrêtées pour de tels délits depuis mercredi.
Milliers de volontaires
Dans le centre de Valence, épargné par les intempéries, des milliers d'habitants se sont à nouveau rassemblés dimanche matin avec des pelles et des balais afin de se rendre à pied dans les communes voisines pour venir en aide aux sinistrés.
Le gouvernement de Valence avait pourtant décidé de limiter à 2000 le nombre de volontaires autorisés à se rendre dans ces localités, afin d'éviter les problèmes d'engorgement auxquels les autorités ont été confrontés vendredi et samedi.
agences/lan