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Les mécaniques complotistes comme celles évoquant Kate Middleton sont souvent "d'ordre psychiatrique", selon Pascal Wagner-Egger

La mécanique complotiste autour de la princesse Kate Middleton: interview de Pascal Wagner-Egger
La mécanique complotiste autour de la princesse Kate Middleton: interview de Pascal Wagner-Egger / Forum / 6 min. / le 21 mars 2024
Ces derniers jours, une multitude de théories ont émergé au sujet de Kate Middleton, qui aurait subi des opérations de chirurgie esthétique, se serait enfuie ou serait dans le coma ou même décédée. Le chercheur en psychologie Pascal Wagner-Egger explique que ces rumeurs répondent souvent au besoin de combler le vide par des croyances.

Pour la princesse Kate Middleton, tout a commencé par une opération de l'abdomen, en soi une procédure assez banale. Cependant, la diffusion d’une photo truquée a fait circuler de nombreuses rumeurs et théories du complot.

Jeudi dans l'émission de Forum, Pascal Wagner-Egger, chercheur en psychologie sociale à l'Université de Fribourg et auteur du livre "Psychologie des croyances aux théories du complot", explique le mécanisme des théories du complot: "Les gens cherchent à combler l'incertitude par des croyances, (...) propageant diverses rumeurs pour tenter de fournir des réponses rapides à des questions complexes."

Celui qui est convaincu vous dira que les preuves sont truquées, il a l'arme absolue des croyants

Pascal Wagner-Egger, chercheur en psychologie sociale à l'université de Fribourg

Selon lui, aujourd'hui, les élites sont minutieusement scrutées "et on cherche le moindre faux pas et les moindres rumeurs". Il cite en exemple les théories "abracadabrantes sur Brigitte Macron" qui ont circulé en France, certains assurant que la première dame serait en réalité une personne transgenre.

Des opinions difficiles à changer

Pascal Wagner-Egger souligne la difficulté de changer l’opinion de quelqu’un qui est fermement convaincu. Même face à des preuves solides, comme des photos d’enfance ou des documents officiels, ces personnes peuvent les rejeter en les considérant comme truquées.

Les personnes qui propagent ces théories peuvent posséder de nombreux profils. Certains ont une revanche à prendre et ils ont perdu confiance aux institutions. Parallèlement, il y a un aspect psychologique lié à des croyances fantastiques, ésotériques ou paranormales qui sont associées à ces théories. Et enfin, il y a un aspect qui touche presque à la psychiatrie.

"Parce que cette affaire de sosie, comme pour Kate Middleton, c’est en fait très connu et on est quasiment dans des cas psychiatriques. (...) D'ailleurs, il y a un réel trouble psychiatrique, des gens qui croient que leurs proches ont été remplacés par des sosies", explique-t-il.

C’est d’ailleurs un réel trouble psychiatrique, des gens croient que leurs proches ont été remplacés par des sosies

Pascal Wagner-Egger, chercheur en psychologie sociale à l'université de Fribourg

D’après ses observations, les personnes qui s’ennuient le plus ont tendance à être attirées par les théories du complot.

Pascal Wagner-Egger confirme aussi l'idée que les gens ne se contentent pas de croire, mais qu’ils ont envie d’y croire, comme si la réalité était trop ennuyeuse dans sa simplicité. "Dans les recherches, on a trouvé ce que l’on appelle l’attrait narratif dans les théories du complot et c’est très intéressant: c’est une enquête de police où vous découvrez que tout ce que vous croyez est vrai ou faux autour de vous", souligne-t-il.

Interview TV: Renaud Malik

Adaptation web: Miroslav Mares

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