Si les chaînes de télévision israéliennes montrent les opérations militaires du côté des soldats israéliens, les conséquences sur la population palestinienne ne sont souvent pas abordées. "Elles nous montrent tout le temps comment nos combattants sont courageux, comment ils sont déterminés à continuer jusqu'au bout. Et ça, ça me fait du bien", explique Gila Cohen dans le 19h30 de la RTS.
Comme chaque soir à 20 heures, cette Israélienne et son mari Aaron regardent le journal télévisé. "Ce qu'ils montrent à la télévision, c'est que nous ne frappons pas n'importe où", affirme Aaron Cohen. "Nous essayons d'épargner les civils. On aurait pu faire beaucoup plus de morts. Mais nous prévenons les gens à l'avance pour qu'ils aient le temps de quitter leurs maisons", poursuit-il.
Peu d'images de civils palestiniens
Les Israéliens et les Israéliennes sont donc peu informés de ce que subit la population palestinienne à Gaza. "On voit très peu ou presque pas du tout d'images de civils palestiniens, la détresse palestinienne, la faim, la douleur humaine", confirme Emmanuelle Elbaz-Phelps, journaliste chez "Relevant".
Ce média est l'un des rares à montrer régulièrement les images de Gaza côté palestinien, mais ce choix éditorial n'est pas toujours facile à assumer dans un pays traumatisé par les massacres du 7 octobre. L'attaque du Hamas avait entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon des données officielles israéliennes.
Aujourd'hui, plusieurs changements peuvent toutefois être observés dans les médias israéliens. Certains commencent en effet à montrer des images de la population palestinienne en détresse, remarque Emmanuelle Elbaz-Phelps, même s'il a fallu attendre presque cinq mois. "On commence à peine à la voir, mais c'est très rare et ça vient très tard aussi", dit-elle.
De fausses informations diffusées
Par ailleurs, de fausses informations concernant le 7 octobre, diffusées par des responsables de l’armée et de l’ONG Zaka, qui est chargée de collecter les cadavres des victimes, commencent à être évoquées dans les médias.
Un officier avait par exemple raconté avoir vu des bébés pendus à une corde à linge. Un autre soldat avait évoqué huit très jeunes enfants morts dans une école maternelle. Mais rien de tout ça n’a eu lieu, dénoncent certains journalistes israéliens, qui indiquent que ces militaires colportent de fausses informations.
Et ils ne sont pas les seuls à être épinglés dans la presse ces derniers jours. Le journal israélien de gauche Haaretz se fait l’écho de faux témoignages de membres de l’ONG Zaka. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux de l’organisation, un bénévole raconte avoir vu une femme enceinte, le ventre découpé et son bébé poignardé. Mais après vérification, ces informations étaient fausses.
Selon Haaretz, exagérer l’horreur des événements aurait permis à l’ONG de recevoir beaucoup d’argent. Avant le 7 octobre, l’association Zaka était fortement endettée mais la campagne de dons lancée dès le 8 octobre lui a permis de récolter près de 12 millions de francs.
Sujet TV et radio: Stéphane Amar et Charlotte Derouin
Adaptation web: Emilie Délétroz