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Les migrants débarqués en Albanie par Rome déjà renvoyés vers l'Italie

La justice italienne interdit le transfert de migrants en Albanie. 12 personnes sont raccompagnées à Bari
La justice italienne interdit le transfert de migrants en Albanie. 12 personnes sont raccompagnées à Bari / 19h30 / 2 min. / hier à 19:30
Les migrants interceptés dans les eaux italiennes et débarqués mercredi dans un centre de demandeurs d'asile construit par l'Italie en Albanie ont été renvoyés vers la péninsule italienne samedi, où ils ont débarqué dans l'après-midi. L'opération était illégale, a tranché un tribunal italien.

Seize hommes originaires du Bangladesh et d'Egypte étaient arrivés mercredi dans le port albanais de Shëngjin, près d'un an après que Rome et Tirana ont conclu un accord prévoyant la création de deux centres en Albanie d'où les migrants secourus en Méditerranée pourront effectuer une demande d'asile.

Peu après leur arrivée, quatre d'entre eux ayant été identifiés comme "vulnérables" - deux affirmant être mineurs et deux autres ayant besoin de soins médicaux - ont immédiatement été renvoyés en Italie. Les 12 demandeurs d'asile restants, eux, ont été embarqués samedi matin à bord d'un navire des garde-côtes italiens, le "Guardia Costiera CP 422", qui les a débarqués dans l'après-midi à Bari, dans le sud de l'Italie, a indiqué une source gouvernementale italienne.

Critères de rétention pas remplis

Leur retour a été provoqué par la décision rendue vendredi par des juges italiens de la section des affaires migratoires du tribunal de Rome. Pour eux, les 12 migrants ne remplissaient pas les critères de rétention en Albanie et devaient être renvoyés en Italie.

>> Plus de détails dans notre article : Un tribunal italien invalide la rétention des premiers migrants transférés en Albanie

Le problème trouve son origine dans l'accord signé entre l’Italie et l’Albanie en 2023. Il prévoit que les migrants déportés en Albanie proviennent d’une liste de pays considérés comme sûrs, mais cette liste est actuellement contestée par la justice italienne. Dans l'attente que la question soit tranchée, elle a donc décidé d’interdire le transfert.

Revers cinglant pour Giorgia Meloni

Il s'agit d'un revers cinglant pour le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni, qui a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière l'un de ses principaux chevaux de bataille politiques et présenté l'accord avec Tirana comme un modèle pour ses partenaires de l'Union européenne.

Ce bras de fer entre gouvernement en place et magistrature porte "préjudice" à l'Italie et "me déçoit", a fustigé Giorgia Meloni, pour qui "toute l’Europe, pour une fois, regarde le modèle italien avec intérêt, tandis que nous nous mettons tout seul des bâtons dans les roues". Elle a toutefois promis que le problème serait "résolu rapidement" et convoqué pour lundi un conseil des ministres afin d'étudier un nouveau décret permettant de se mettre en conformité avec la jurisprudence européenne.

"La chronique d'un flop annoncé"

"Bien loin d’être un modèle, l’accord que vous avez fait avec l’Albanie est un accord contre la loi. C'est une honte", a de son côté réagi la Secrétaire du Parti démocrate italien Elly Schlein (centre-gauche, opposition).

Le renvoi des premiers migrants transférés en Albanie signe "la chronique d'un flop annoncé", a raillé de son côté sa collègue de parti et eurodéputée Irene Tinagli. "Penser gérer les flux de migrants en envoyant quelques-uns d'entre eux en Albanie est ridicule et inutile", a-t-elle lancé.

afp/vic/mera avec le 19h30

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