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"Les Nord-Coréens vivent et meurent en esclaves", raconte un ex-diplomate de Pyongyang

Un ancien diplomate nord-coréen témoigne de la situation des droits humains dans son pays
Un ancien diplomate nord-coréen témoigne de la situation des droits humains dans son pays / 19h30 / 2 min. / mercredi à 19:30
Un ancien diplomate de haut rang nord-coréen, qui a fui le régime totalitaire et s’est réfugié en Corée du Sud, se confie à la RTS. Il continue de suivre d’un œil sombre l’actualité de Pyongyang, notamment la polémique autour des soldats nord-coréens en Russie.

Son ton est calme et posé. Et il dit se sentir en sécurité. Pourtant, Ri Il Gyu est sous protection depuis qu'il a fait défection. Ancien conseiller politique à l'ambassade nord-coréenne de Cuba, il a fui en Corée du Sud avec sa famille en novembre 2023, quittant La Havane en avion via un pays tiers. Une décision annoncée à son épouse au dernier moment. "Après de nombreuses explications, ma famille a été d'accord", raconte-t-il dans le 19h30.

De passage à Genève, ce diplomate de haut rang dit avoir fui la corruption du régime nord-coréen et les tensions avec le ministère dont il dépendait. Aujourd'hui, il dénonce ce que le dirigeant Kim Jong-un inflige à sa population.

"Nous n'avons qu'une vie. Mais celle des Nord-Coréens est une vie primitive. Ils vivent en esclaves et meurent en esclaves. A ces Nord-Coréens si misérables, je voudrais leur donner le plus tôt possible une vie humaine dans un monde où la dignité est garantie."

Ri Il Gyu, ancien diplomate nord-coréen. [RTS]
Diplomate de haut rang, Ri Il Gyu dit avoir fui la corruption du régime nord-coréen. [RTS]

"Pérenniser la dynastie dictatoriale"

Les violations des droits humains en Corée du Nord sont régulièrement dénoncées par l'ONU. Ces dernières années, le recours au travail forcé s'est profondément institutionnalisé, indiquait par exemple cet été le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme. L'insécurité alimentaire demeure un problème. L'obéissance se fait par la peur.

Dans ce contexte, le régime nord-coréen durcit le ton vis-à-vis de son voisin. Depuis la fin 2023, Pyongyang ne considère plus les Sud-Coréens comme des "compatriotes" éloignés par Séoul, mais comme "un ennemi". Mi-octobre, la Corée du Nord a fait sauter des tronçons de route autrefois utilisés pour les échanges transfrontaliers. Un épisode parmi d'autres illustrant la montée des tensions.

Je me suis senti très gêné quand j'ai vu les soldats nord-coréens aller combattre dans un autre pays

 Ri Il Gyu, ancien diplomate nord-coréen

Pour Ri Il Gyu, Kim Jong-un cherche ainsi à pérenniser la dynastie dictatoriale, en brisant le peu de relations avec la Corée du Sud. Pour Pyongyang, la réunification entre les deux Corées conduirait à l'effondrement de son régime, rappelle-t-il.

Mauvaise image de Pyongyang

Alors que Pyongyang s'éloigne du Sud, elle se rapproche encore davantage de Moscou. Après la signature en juin d'un partenariat stratégique entre la Corée du Nord et la Russie, l'Occident dénonce désormais l'envoi de milliers de soldats nord-coréens en Russie. La nouvelle a surpris Ri Il Gyu.

"Je me suis senti très gêné quand j'ai vu les soldats nord-coréens aller combattre dans un autre pays, pour un autre pays", explique-t-il. "Cela m'a fait avoir pitié d'eux. C'est un phénomène qu'on ne peut voir qu'en Corée du Nord, un pays où l'on ne peut rien faire de sa propre volonté. Ça aussi, c'est une grave violation des droits humains."

Un déploiement qui donne une mauvaise image de Pyongyang, selon l'ancien diplomate nord-coréen. L'image d'un régime qui ne peut que répondre favorablement à toutes les demandes de Vladimir Poutine.

Tamara Muncanovic

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