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Les opposants sénégalais Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont été libérés de prison

Une foule en liesse a accueilli la libération des opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. [AFP - John Wessels]
Les opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont été libérés au Sénégal / Le Journal horaire / 33 sec. / le 15 mars 2024
L'opposant sénégalais Ousmane Sonko et son bras droit Bassirou Diomaye Faye, candidat à l'élection présidentielle du 24 mars, sont sortis de prison jeudi soir, vraisemblablement en vertu d'une loi d'amnistie promulguée par le président Macky Sall. Leur libération a provoqué des scènes de liesse à Dakar.

Le fondateur des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef, aujourd'hui officiellement dissous) était détenu depuis le 28 juillet 2023. Son arrestation parachevait alors plus de deux ans de rapport de force avec le gouvernement et la justice, qui a donné lieu à différents épisodes de heurts et de pillages.

Par ailleurs, Ousmane Sonko était initialement le candidat de son parti. Mais il a été disqualifié par le Conseil constitutionnel en janvier. Son camp avait alors dénoncé une machination mais, avec son assentiment, il avait désigné Bassirou Diomaye Faye, lui-même détenu depuis avril 2023, comme candidat à sa place. Sa candidature fait donc partie des 19 retenues pour le scrutin qui se jouera le 24 mars.

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"Effet Sonko"

Les libérations d'Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye ont provoqué des scènes de liesse à Dakar. [AFP - JOHN WESSELS]
000_34LL6QT.jpg [AFP - JOHN WESSELS]

Cette libération, énième rebondissement de la "saga Sonko", injecte ainsi un nouveau réactif aux effets inconnus dans la campagne électorale en cours. Le pouvoir d'entraînement communément prêté à l'opposant et sa popularité auprès des jeunes sont susceptibles d'influencer les dynamiques. Ainsi, bien que beaucoup moins populaire qu'Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye passe désormais pour l'un des favoris de l'élection présidentielle la plus ouverte depuis l'indépendance en 1960.

Son programme décline des discours souverainiste et panafricaniste, avec des diatribes contre "la mafia d'Etat", les multinationales et l'emprise économique et politique exercée par l'ancienne puissance coloniale française.

La nouvelle de sa libération, peu avant minuit, s'est propagée comme une traînée de poudre et des foules de Dakarois sont descendus dans les rues pour célébrer, chanter et danser. Voitures et piétons agitant des drapeaux sénégalais ont investi la route d'accès à la prison du cap Manuel, au sud de la capitale, où les deux opposants étaient détenus.

Loi d'amnistie

Deux heures plus tard, au coeur d'un cortège qui progressait lentement dans Dakar, Bassirou Diomaye Faye a salué la foule en souriant depuis le toit ouvrant de sa voiture. "On a vu votre soutien et votre solidarité. Nous sommes très contents", a-t-il lancé, avant d'ajouter "Sonko est libre" et d'annoncer la tenue d'une conférence de presse vendredi.

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye incarnent pour beaucoup la rupture avec la présidence Macky Sall et des années économiquement éprouvantes. Leur libération était anticipée comme un évènement majeur depuis plusieurs jours après l'adoption le 6 mars d'une loi d'amnistie votée à l'instigation de Macky Sall.

Le Sénégal traversait alors une grave crise provoquée par le report de la présidentielle et le chef de l'Etat disait rechercher l'apaisement autour de l'élection, après trois années d'agitation politique. On ignore s'ils ont été relâchés en vertu de la loi d'amnistie. Mais leur libération coïncide avec les délais de mise en application de la loi.

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afp/jop

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