Les paysans français à nouveau mobilisés, cette fois contre un accord avec le Mercosur
L'alliance syndicale FNSEA-JA, majoritaire dans le secteur en France, a lancé plus de 80 actions symboliques, prélude à un nouveau cycle de mobilisation.
Ces actions se déroulent moins d'un an après un vaste mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d'autoroutes dans le pays, notamment.
>> Sur la grogne des agriculteurs en janvier 2024, lire : Les réformes de l'Union européenne à l'origine de la colère des agriculteurs
Mercosur en question
Au Cannet-des-Maures (sud-ouest), par exemple, 300 agriculteurs ont déposé de la terre sur la route et planté des croix symbolisant la mort de l'agriculture française, qu'ils jugent menacée par l'accord de libre-échange que l'UE négocie avec les pays latino-américains du Mercosur.
Près de la frontière belge, des agriculteurs contrôlent les poids-lourds. Devant la préfecture de Vesoul (est), 180 agriculteurs ont déposé des panneaux de signalisation de villages et déversé trois bennes remplies de cannes de maïs. Une autre action symbolique était prévue dans l'après-midi à Strasbourg sur le Pont de l'Europe reliant la France et l'Allemagne.
Si les taxes sur le carburant agricole avaient été un des ferments de la mobilisation l'an dernier, c'est l'aboutissement du projet d'accord de libre-échange de l'Union européenne avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année.
A cela s'ajoutent les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes. Les agriculteurs français estiment n'avoir toujours pas récolté les fruits de la colère de l'hiver dernier et ils jugent les normes toujours aussi complexes et les revenus insuffisants.
Crainte de concurrence déloyale
En dépit de l'opposition de la classe politique comme des acteurs agricoles français, l'UE semble déterminée à signer d'ici la fin de l'année l'accord de libre-échange avec le Mercosur, qui permettra notamment aux pays latino-américains d'écouler plus de bœuf, de poulet ou de sucre sans droits de douane en Europe.
Plusieurs pays européens, dont l'Espagne et l'Allemagne, veulent la conclusion de l'accord, qui favoriserait l'exportation de voitures, machines ou produits pharmaceutiques de l'Union européenne. Mais les agriculteurs français redoutent une concurrence déloyale de produits n'étant pas soumis aux normes environnementales et sanitaires strictes en vigueur en Europe. Les agriculteurs d'autres pays européens, tels qu'en Italie, en Belgique ou en Pologne, s'inquiètent eux aussi de cet accord.
Possible "révolte agricole" mercredi
A Buenos Aires, le président français Emmanuel Macron a affirmé dimanche que la France ne "signerait pas en l'état" le traité de libre-échange.
La Coordination rurale - le deuxième syndicat agricole français - a choisi d'attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Le syndicat, qui affirme avoir engrangé des milliers de nouveaux adhérents depuis l'an dernier, promet "une révolte agricole" avec un "blocage du fret alimentaire" dès mercredi dans le sud-ouest si "aucune avancée" n'est constatée.
ats/juma