Les prisons américaines reviennent à la chaise électrique et au peloton d'exécution, faute de produits létaux
Quatre prisonniers en Caroline du Sud ont fait recours contre leur condamnation à mort auprès de la Cour suprême de l'Etat américain, arguant que ces méthodes étaient cruelles et inhabituelles. Leur recours vient d'être rejeté.
Mais pourquoi ces condamnés à mort n'ont-ils pas d'autres options? Depuis des années, les prisons américaines n'obtiennent plus les produits pharmaceutiques nécessaires pour une injection létale. Longtemps, la majorité des Etats américains ont recouru à un cocktail de trois substances pour rendre la personne inconsciente d'abord, puis pour arrêter la respiration et le coeur.
Mais en 2009, Hospira, fabricant principal de l'une de ces substances, stoppe sa production. Pour pallier ce manque, les prisons utilisent alors du pentobarbital, du propofol ou encore du phénobarbital. Sauf qu'avec les changements de mentalité, les groupes pharmaceutiques refusent tour à tour que leurs produits servent aux exécutions. C'est notamment le cas du danois Lundbeck ou de l'allemand Fresenius Kabi.
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Absence de transparence
Face à cette réticence, des prisons américaines se mettent alors à employer des substances préparées en pharmacie avec un succès très discutable. En effet, si l'activité est très rentable pour les pharmaciens, elle est faite sans aucune transparence. Les fournisseurs ne sont pas nommés, l'industrie n'est pas contrôlée, les produits eux-mêmes ne sont pas toujours connus et, surtout, ils ne sont pas fiables.
Résultat: les exécutions ratées se multiplient et les familles des condamnés se mettent à témoigner de ces mises à mort douloureuses, parfois interminables. Ces témoignages ne suffisent toutefois pas à faire bouger les consciences. Ainsi, le 25 janvier dernier, un homme a été mis à mort par inhalation d'azote dans l'Alabama, soit par privation d'oxygène. Une première mondiale qui a été vivement critiquée.
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Diminution du nombre d'exécutions
Il s'agirait d'une des raisons pour laquelle les Etats américains reviennent désormais au peloton d'exécution ou à la chaise électrique. A ce jour, huit Etats américains autorisent la chaise électrique, sept la chambre à gaz, cinq le peloton d'exécution et la plupart recourent aussi à l'injection. Mais dans les conditions actuelles, à savoir que le prisonnier ne sache pas à quelle combinaison létale plus ou moins pénible il sera soumis.
En outre, la pénurie de produits pharmaceutiques a pour effet la diminution du nombre d'exécutions. La Caroline du Sud a, par exemple, interrompu les exécutions en 2011. Mais l'affaire pose la question fondamentale d'une mise à mort humaine. La Cour suprême de l'Etat doit encore statuer. Mais pour les autorités de Caroline du Sud, l'affaire est claire. Elle rappelle qu'aucune cour américaine n'a jamais statué qu'une exécution devait être rapide et sans douleur.
Sujet radio: Katja Schaer
Texte web: Hélène Krähenbühl