L'objectif des rebelles emmenés par les islamistes extrémistes est de "renverser" le régime du président Bachar al-Assad, a déclaré le chef de HTS, Abou Mohammed al-Jolani, dans une interview à CNN vendredi.
En moins d'une semaine, l'offensive fulgurante des rebelles a infligé un sérieux revers aux troupes gouvernementales qui tentent de freiner leur progression rapide, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) faisant état vendredi de frappes aériennes sur un pont autoroutier stratégique entre Hama et Homs.
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A 5 kilomètres de Homs
Au cours des dernières heures, les rebelles "sont entrés dans les villes de Rastan et Talbisseh", situées dans la province de Homs, en l'absence totale des forces du régime, a indiqué l'OSDH, ajoutant que les rebelles se trouvaient désormais à cinq kilomètres de Homs, troisième ville de Syrie.
Selon l'ONG, le contrôle de Homs permettrait de "couper la route principale menant à la côte syrienne", bastion de la minorité alaouite du président. Si les rebelles s'emparent de la ville, seules la capitale Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains du gouvernement du chef d'Etat.
Jeudi soir, des dizaines de milliers d'habitants, majoritairement issus de la communauté alaouite, ont été vus fuyant vers la côte ouest.
Offensive surprise
Les rebelles ont lancé le 27 novembre une offensive surprise à partir de leur bastion d'Idleb (nord-ouest), s'emparant de dizaines de localités, de la majeure partie d'Alep (nord) et de Hama.
Les hostilités ont fait plus de 800 morts, selon l'OSDH. Ce sont les premières attaques de grande ampleur depuis 2020, dans un pays meurtri par une guerre civile dévastatrice qui a fait un demi-million de morts depuis 2011.$
Les Kurdes avancent dans la province de Deir Ezzor
Les troupes gouvernementales se sont également retirées vendredi des secteurs de la province orientale de Deir Ezzor qu'elles contrôlaient, alors que les forces dirigées par les Kurdes avançaient vers ces dernières, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Peu après, les forces kurdes syriennes, qui contrôlaient déjà une grande partie du nord-est de la Syrie, ont indiqué s'être déployées dans des secteurs de l'est.
La province de Deir Ezzor est divisée entre les forces kurdes à l'est de l'Euphrate et les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés à l'ouest.
La ville de Deir Ezzor abrite des conseillers iraniens arrivés après le début de la guerre en Syrie en 2011, qui a éclaté après la répression par le gouvernement d'un soulèvement populaire et dégénéré en guerre civile. Elle abrite aussi des institutions, des écoles et un centre culturel iraniens.
La partie de Deir Ezzor tenue par le gouvernement, près de la frontière avec l'Irak, est une plaque tournante pour les hommes de main de l'Iran, y compris les combattants des milices irakiennes.
ats/mera/ami
Le gouvernement syrien perd le contrôle de la ville de Daraa
Le gouvernement syrien a perdu vendredi le contrôle de la ville de Daraa (sud) et de la majeure partie de la province éponyme.
"Les factions locales ont pris le contrôle de davantage de zones dans la province de Daraa, y compris la ville de Daraa. Elles contrôlent désormais plus de 90% de la province, alors que les forces du régime se sont retirées", a déclaré l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
La province de Daraa a été le berceau du soulèvement de 2011 contre le président Bachar al-Assad, mais elle est revenue sous le contrôle du gouvernement en 2018 en vertu d'un accord de cessez-le-feu soutenu par le principal allié de Damas, la Russie.
Plus de 280'000 personnes déplacées
Les combats entre rebelles et forces syriennes ont fait 280'000 déplacés depuis le 27 novembre et l'avancée fulgurante des groupes islamistes en Syrie, a indiqué l'ONU vendredi, qui craint que ce nombre puisse s'élever à 1,5 million.
Le chiffre "n'inclut pas le nombre de personnes qui ont fui le Liban, lors de la récente escalade" des combats entre le Hezbollah et Israël, a déclaré Samer AbdelJaber, directeur de la coordination des urgences du Programme alimentaire mondial, lors d'un point de presse à Genève.
"Un exercice de propagande" des djihadistes
Ancienne branche d'al-Qaida en Syrie, l'Organisation de libération du Levant, le groupe djihadiste qui avance en direction de Damas, se présente comme pragmatique et modéré. Vraiment?
La politologue Myriam Benraad, spécialiste du monde arabe, estime dans Forum qu'il s'agit d'un "exercice de propagande". "Au-delà des images de propagande, ils ne peuvent que très peu masquer quelle est leur idéologie et leur projet, puisque des dizaines de milliers de civils fuient face à leur avancée. C'est que la perspective d'un émirat islamiste imposée dans leur territoire ne leur plaît pas", argumente-t-elle.
Un soutien de la Turquie aux rebelles
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est fendu d'une sortie lourde de sens vendredi. "Jusqu'ici Idleb, Hama et Homs et bien sûr l'objectif, Damas: l'avancée des opposants continue. Nous souhaitons que cette avancée se poursuive sans incident", a déclaré le dirigeant de la Turquie, qui partage 900 kilomètres de frontières avec la Syrie. Il a aussi tancé son homologue syrien, qui n'aurait jamais répondu à ses demandes de rencontre afin d'engager le dialogue. Que faut-il voir dans de tels propos?
La Turquie assurait depuis des années ne plus chercher à renverser le régime de Bachar al-Assad. Mais la déclaration du président turc montre qu'Ankara soutient tacitement les rebelles. Recep Tayyip Erdogan est un pragmatique. Il souhaite notamment qu'une majorité des trois millions de réfugiés syriens en Turquie retournent dans leur pays. Or, ce retour ne peut se faire qu'au prix de la stabilité en Syrie, ravagée par des années de conflit. On peut donc faire l'hypothèse que le dirigeant truc pourrait accepter de collaborer avec un nouveau régime, pourvu que celui-ci soit capable d'assurer l'ordre et veuille bien dialoguer avec Ankara.