Alors que l'Arizona vient d'abroger une loi datant du XIXe siècle qui interdisait l'IVG, une vingtaine d'Etats américains ont pris la direction contraire en bannissant ou en restreignant l'accès à l'avortement. La contre-attaque s'organise sur les réseaux sociaux.
"Have an abortion with me!", sont les premiers mots dits d'un ton enjoué par Sunni dans une vidéo Tik Tok. La jeune mère célibataire de Brooklyn danse sur une musique jazzy dans sa cuisine: "Viens avorter avec moi!" Et d'ajouter: "J'ai hésité à faire cette vidéo, mais je pense qu'elle est importante: c'est le genre de vidéo que moi je cherchais".
Pour cette femme de 30 ans, qui a connu de grosses difficultés lors de l'accouchement de sa fille, il y a trois ans, il ne s'agit pas de partager une recette ou de vanter les mérites d'un produit quelconque, mais bien de parler de son interruption volontaire de grossesse, de décrire quels comprimés prendre et comment éviter la douleur.
L'influenceuse détaille les aspects pratiques de son IVG médicamenteuse, à domicile; elle a reçu les produits nécessaires par colis postal. Cette méthode a augmenté aux Etats-Unis au fur et à mesure que différents Etats verrouillent l'accès à l'avortement.
Ce type de vidéos explosent sur les réseaux sociaux selon le New York Times; celle de Sunni a été vue plus de 400'000 fois. Et, comme les autres contenus du genre, elle suscite une avalanche de commentaires. Des internautes saluent des vidéos utiles qui comblent un manque d'information et brisent un tabou, d'autres écrivent des commentaires scandalisés. Cela reflète à quel point le sujet divise et embrase la société étasunienne, particulièrement à l'approche de l'élection présidentielle de novembre.
Le débat sur les réseaux sociaux pourrait toutefois être entravé: certains Etats envisagent désormais de poursuivre le simple fait de partager des informations sur l'interruption volontaire de grossesse.
Sujet radio: Julie Rausis
Article web: Stéphanie Jaquet