Pompéi, véritable maquette à ciel ouvert, fascine depuis plus de 300 ans des générations d'archéologues. Sous 80 centimètres de pierres de lave, ils découvrent la vie des habitants surpris par l’éruption du Vésuve, offrant un aperçu unique de l’Antiquité.
"Grâce aux techniques scientifiques, nous sommes en mesure de recueillir des informations sur les constructions, sur les individus qui vivaient ici et sur les objets qu’ils utilisaient", déclare dimanche dans le 19h30 de la RTS Alessandro Russo, archéologue du Parc archéologique de Pompéi.
Expérience immersive
Les fouilles du site, dorénavant ouvertes aux visiteurs, offrent une occasion unique d’imaginer les activités d’autrefois avec l’aide d’un archéologue. Alessandro Russo, en explorant ce qui était jadis une boulangerie-prison, explique le fonctionnement des meules: "Pour chaque meule, un esclave et un âne travaillaient ensemble." Des empreintes de pas, incrustées dans le sol, témoignent de la manière dont l’esclave mettait en mouvement la lourde pierre pour moudre le grain.
Dans la demeure du commerçant, une salle de banquet a récemment été mise au jour. Ses parois noires sont ornées de fresques raffinées relatant la guerre de Troie, preuve non seulement de la richesse du propriétaire, mais aussi du savoir-faire des artisans qui utilisaient déjà le compas et le fil à plomb, retrouvés sur les lieux.
Ausilia Trapani, archéologue, est la gardienne de ces objets. Grâce aux techniques scientifiques modernes, ils lui racontent progressivement l’histoire des Pompéiens. "Ceux qui ont découvert et fouillé en premier Pompéi étaient surtout des antiquaires. Ils n'étaient pas intéressés par la culture matérielle. Contrairement à eux, nous étudions l’histoire des populations et leurs habitudes", explique-t-elle.
Pompéi et ses environs
Depuis sa découverte en 1748, l’immense beauté de la ville ensevelie captive l’humanité. Une visite de trois jours, "le grand Pompéi", propose aux visiteurs de rejoindre des sites espacés de plusieurs kilomètres, pour mieux comprendre la vie quotidienne des anciens Romains, tant en ville qu’à la campagne.
Gabriel Zuchtriegel, le directeur du parc archéologique de Pompéi, compare cette expérience à une visite de musée: "Tout comme on se déplace de salle en salle dans un musée traditionnel, une navette incluse dans le prix du billet permet aux visiteurs, depuis Pompéi de se rendre au musée de Boscoreale ou encore à la villa de Poppea, la seconde épouse de Néron. Ce sont des sites moins importants que Pompéi, mais ils ajoutent une autre perspective."
Des visages sans nom
Selon Alessandro Russo, l'éruption a volé l'identité à la majorité des personnes qui sont mortes ce jour-là. En montrant le moulage en plâtre d'un enfant calciné lors de l'éruption du Vésuve, il explique qu'il "n'a pas de nom, mais il a encore un visage". Il évoque ainsi l’image poignante d’humains figés dans le temps, tandis que les objets continuent de raconter leur histoire.
Une grande partie de la ville antique reste encore ensevelie. L'espoir est que les générations futures d'archéologues utilisent d’autres techniques pour encore mieux comprendre la vie des Romains. Pompéi est donc loin d'avoir livré tous ses secrets.
Sujet TV: Valérie Dupont
Adaptation web: Miroslav Mares