Modifié

Les sociaux-démocrates en tête, mais percée de l'extrême droite aux législatives en Roumanie

Le Premier ministre roumain Marcel Ciolacu, du Parti social-démocrate (PSD), regarde les sondages de sortie des urnes lors des élections législatives, à Bucarest, en Roumanie, le dimanche 1er décembre 2024. [KEYSTONE - ALEXANDRU DOBRE]
Le Premier ministre roumain Marcel Ciolacu, du Parti social-démocrate (PSD), regarde les sondages de sortie des urnes lors des élections législatives, à Bucarest, en Roumanie, le dimanche 1er décembre 2024. - [KEYSTONE - ALEXANDRU DOBRE]
Les sociaux-démocrates pro-européens sont placés en tête à l'issue de législatives cruciales dimanche en Roumanie. Mais l'extrême droite a réalisé une forte percée, selon un sondage sortie des urnes publié à la clôture des bureaux de vote.

Le PSD - qui gouverne actuellement avec les libéraux - est crédité de 26% des voix, devançant les autres formations.

Toutefois, l'ensemble des forces d'extrême droite combinées se situent à 30%, contre moins de 10% au précédent scrutin de 2020. Des estimations à prendre avec prudence dans l'attente des résultats partiels.

Parlement fragmenté

En cas de confirmation, elles laissent augurer d'un Parlement fragmenté et de difficiles négociations pour former un gouvernement.

Le candidat indépendant d'extrême droite roumain Calin Georgescu prononce un discours après sa victoire surprise au premier tour de l'élection présidentielle. [KEYSTONE - ROBERT GHEMENT]
Le candidat indépendant d'extrême droite roumain Calin Georgescu prononce un discours après sa victoire surprise au premier tour de l'élection présidentielle. [KEYSTONE - ROBERT GHEMENT]

Ce scrutin intervient une semaine après le succès surprise du candidat d'extrême droite Calin Georgescu au premier tour de la présidentielle, un résultat qui a suscité des craintes dans l'ouest du continent sur le positionnement stratégique de cet État voisin de l'Ukraine, membre de l'UE et de l'Otan.

"Important signal à la classe politique"

"Les Roumains ont lancé un important signal à la classe politique", a réagi à l'annonce de ces premières estimations le Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu, éliminé dimanche dernier de la course: poursuivre sur la voie européenne "mais aussi protéger notre identité et nos valeurs nationales".

Le taux de participation s'est élevé à 52%, au plus haut en deux décennies.

"Nouvelle ère"

L'extrême droite, disséminée entre plusieurs formations qui ont en commun de s'opposer au soutien à Kiev au nom de la "paix" et de défendre des "valeurs chrétiennes", s'est félicitée de ces résultats.

"Aujourd'hui le peuple roumain a voté pour les forces souverainistes" a déclaré le chef du parti AUR (Alliance pour l'unité des Roumains), George Simion, qui avait lui-même recueilli près de 14% à la présidentielle. "C'est le début d'une nouvelle ère où les Roumains se réapproprient le droit de décider de leur propre destin", a-t-il ajouté.

>> Relire : En Roumanie, un candidat prorusse crée la surprise à la présidentielle

Dans le même camp, SOS Romania, dirigé par la tempétueuse candidate favorable au Kremlin Diana Sosoaca, et le tout nouveau Parti de la jeunesse (POT) sont chacun crédités de plus de 5% et devraient donc faire leur entrée au Parlement.

Difficultés économiques et guerre

Depuis la chute du communisme en 1989, le pays n'a jamais connu pareille percée, mais la colère d'une grande partie des 19 millions d'habitants couve devant les difficultés économiques et la guerre de l'autre côté de la frontière.

Pour George Sorin, économiste de 45 ans, le Parlement actuel "n'a fait que servir les intérêts de l'Ukraine", oubliant "ceux de la Roumanie", dit-il, critiquant aussi "la servilité" vis-à-vis de Bruxelles.

Le leader du parti ultra-nationaliste AUR (Alliance pour l'Union des Roumains), George Simion s'exprime à Bucarest, le 1er décembre 2024. [KEYSTONE - ROBERT GHEMENT]
Le leader du parti ultra-nationaliste AUR (Alliance pour l'Union des Roumains), George Simion s'exprime à Bucarest, le 1er décembre 2024. [KEYSTONE - ROBERT GHEMENT]

Dans le camp pro-européen adverse, les centristes d'USR, dont la cheffe de file Elena Lasconi s'est qualifiée au second tour de la présidentielle, rassemblent à ce stade 15% des voix, comme les libéraux.

Influence russe

Les législatives se sont déroulées dans un climat fébrile après la décision de la justice de recompter les bulletins du premier tour de la présidentielle sur fond de suspicions quant à l'intégrité des élections.

Elles ont mis en cause l'influence russe dans le contexte régional actuel et le rôle de la plateforme TikTok. Au point que la Cour constitutionnelle a ordonné un nouveau comptage, toujours en cours. Si le scrutin n'est pas annulé, le second tour aura lieu le 8 décembre.

En votant, George Simion avait dénoncé la tentative désespérée des partis traditionnels de "s'accrocher au pouvoir". "Ils n'écoutent pas la voix des Roumains et veulent rejouer le match pour obtenir les résultats qu'ils veulent".

>> Relire aussi : La Roumanie ordonne un recomptage du vote pour la présidentielle et pointe des fraudes

ats/vajo

Publié Modifié