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"Homophobe", "raciste", Emmanuel Macron dans la tourmente pour des propos rapportés et une altercation à Mayotte

Jérôme Fenoglio, directeur de la rédaction du journal Le Monde. [AFP - Patrick Kovarik]
L’Elysée dément les propos racistes attribués à Emmanuel Macron: interview de Jérôme Fenoglio / Forum / 9 min. / hier à 18:04
Ses proches l'assuraient, Emmanuel Macron s'était assagi: fini les petites phrases qui ont parasité ses débuts. Mais des mots controversés lancés à Mayotte, qui coïncident avec une enquête du Monde, relancent l'idée d'un président français qui veut "dominer" ses interlocuteurs au risque d'"abîmer" son image.

En déplacement dans l'archipel français de l'océan Indien dévasté par le cyclone Chido, le chef de l'Etat s'est emporté jeudi soir au milieu d'une foule qui le prenait à partie.

"Vous êtes contents d'être en France. Parce que si c'était pas la France vous seriez 10'000 fois plus dans la merde!", s'est-il époumoné pour se faire entendre face aux cris "Macron démission".

Volonté de "dominer" l'échange

Emmanuel Macron a expliqué vendredi que la foule hostile était notamment composée de "militants politiques du RN", le parti d'extrême droite de Marine Le Pen, comme pour expliquer la vigueur de l'échange. Sur place, il a défendu un autre trait de sa personnalité, celui d'"aller au contact" de compatriotes en colère, sans se "planquer".

Pour Philippe Moreau Chevrolet, professeur en communication à Sciences Po Paris, le chef de l'Etat aime ainsi aller "dans le rapport de force" avec "la petite phrase pour dominer l'échange quitte à abîmer encore davantage son image déjà autoritaire".

S'agissant de Mayotte, "c'est désastreux" car "ça brouille le message d'empathie et de reconstruction" distillé pendant le reste de sa visite, dit l'expert.

>> Sur Mayotte, lire aussi : Chido: le pire évènement sur Mayotte depuis 1934

Phrases "cash"

Pendant son premier quinquennat, Emmanuel Macron, qui revendique volontiers d'être "cash", a ainsi alimenté à coups de petites phrases un procès en arrogance et mépris de classe.

A un jeune homme qui explique ne pas trouver d'emploi, il balance: "je traverse la rue, je vous en trouve!".

A un autre moment, il décrit les gares comme des lieux "où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien". Et dans une vidéo postée par son entourage sur les réseaux sociaux, il déplore l'absence d'effet du "pognon de dingue" que l'Etat met "dans les minima sociaux".

Mais depuis sa réélection en 2022, Emmanuel Macron faisait plus attention. Il a esquissé quelques mea culpa.

Avant lui, son prédécesseur Nicolas Sarkozy avait donné le ton. "Le style Macron, c'est le style Sarko", résume d'ailleurs Philippe Moreau Chevrolet.

Mais la particularité du président français actuel réside dans le fait qu'il alterne ce langage avec un français plus châtié, souvent un peu "techno", ponctué d'expressions désuètes ou de locutions latines.

"Humilier, chasser, vexer"

Les propos du président français à Mayotte coïncident avec la publication d'une longue enquête du Monde sur ce double visage présidentiel. Selon son directeur, Jérôme Fenoglio, il a pu "humilier", "chasser", "vexer" par "sa pratique du pouvoir", ce qui a pour conséquence que de nombreuses personnes "qui ont vécu cette aventure avec lui (...) se retrouvent à vivre avec une amertume extrêmement forte" à son égard.

Ce qui n'est "pas si fréquent que ça dans les mécanismes de pouvoir de la cinquième République", constate Jérôme Fenoglio. C'est ce qui explique aussi peut-être, selon lui, "ce phénomène de rancœur" qui se retrouve dans ses équipes aujourd'hui, alors qu'elles lui "étaient totalement fidèles".

Démenti de l'Elysée

Dans l'enquête du Monde, les journalistes rapportent plusieurs formules qui ont suscité une nouvelle vague d'accusations de "racisme" ou d'"homophobie". L'Elysée a "démenti fermement ces propos rapportés", que Le Monde "maintient".

"Le problème des urgences dans ce pays, c'est que c'est rempli de Mamadou", aurait dit, selon le quotidien, le président en 2023 devant son ministre de la Santé d'alors, Aurélien Rousseau, passé depuis dans l'opposition.

Le journal assure aussi que l'Elysée avait baptisé Matignon, qui accueille le Premier ministre et ses équipes, "La cage aux folles" lorsque le locataire était Gabriel Attal, premier chef du gouvernement français ouvertement homosexuel. Le quotidien affirme également qu'Emmanuel Macron a qualifié Marine Tondelier, cheffe des Ecologistes, et Lucie Castets, proposée par le Nouveau Front populaire (gauche) pour Matignon, de "cocottes".

afp/juma

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