"Make Europe Great Again": Viktor Orban et la Hongrie à la présidence de l'UE, soulevant des inquiétudes
Le Conseil de l'UE rassemble les 27 au niveau ministériel, en fonction des sujets qu'ils ont à traiter. Il est présidé à tour de rôle pour six mois par un des pays membres de l'UE. Et c'est au tour de la Hongrie à partir du 1er juillet.
Et de l'Ukraine à l'Etat de droit en passant par l'immigration, le pays dirigé par le nationaliste Viktor Orban a récemment mis son veto ou bloqué plusieurs décisions durant des semaines lors des discussions au sein du Conseil.
Des décisions bloquées par la Hongrie
"Environ 40% des décisions voulues par l'UE sur l'Ukraine sont bloquées", s'agaçait fin mai à Bruxelles le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis, pointant une responsabilité hongroise notamment.
Depuis, les choses ont un peu progressé, la Hongrie ayant finalement accepté l'ouverture des négociations d'adhésion avec Kiev. Mais l'aide militaire de l'UE à l'Ukraine, d'un montant de 6,6 milliards d'euros, est toujours bloquée. Et la future présidence hongroise n'a, semble-t-il, aucune intention de lever son veto. "Nous avons besoin de clarté" sur le sujet, a affirmé l'ambassadeur hongrois auprès de l'UE Balint Odor.
"Make Europe Great Again"
En présentant les priorités de son pays pour les six mois à venir, Balint Odor s'est toutefois voulu rassurant: "Ce sera une présidence comme les autres, nous agirons en tant que médiateur impartial", a-t-il promis.
Pourtant, le slogan choisi par Budapest pour ses six mois de présidence affiche la couleur: "Make Europe Great Again" ("Rendre sa grandeur à l'Europe"), une formule qui n'a rien d'anodin puisque reprise à l'ancien président américain Donald Trump ("Make America Great Again)".
Ce sera une présidence comme les autres, nous agirons en tant que médiateur impartial
"Ce slogan montre où Orban veut conduire l'UE, vers l'autocratie", s'est insurgé l'eurodéputé écologiste allemand Daniel Freund. "Une totale provocation", a résumé Andreas Bock, expert de la Hongrie au think tank Conseil européen pour les relations internationales.
Mais pour Budapest, il ne faut y voir aucune allusion. "Notre devise renvoie à l'idée d'une présidence active et de terrain, au fait que nous sommes plus forts ensemble, dans le respect de notre identité", a déclaré le ministre des Affaires européennes Janos Boka.
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Le contrôle de l'agenda
La présidence tournante du Conseil des ministres de l'Union européenne permet au pays qui la détient de contrôler l'agenda des réunions des 27. C'est un pouvoir non négligeable mais pas absolu, ont souligné plusieurs diplomates européens.
On peut comparer ce rôle à celui d'une personne organisant un dîner, qui veille à ce que les convives se réunissent en harmonie
"On peut comparer ce rôle à celui d'une personne organisant un dîner, qui veille à ce que les convives se réunissent en harmonie, en étant à même d'exprimer des divergences au cours du repas, avant de se quitter en bons termes et avec un objectif commun en tête", résume le chapitre consacré à la présidence tournante sur le site du Conseil de l'UE.
Mais la Hongrie va-t-elle réellement jouer le jeu? "Les Hongrois vont s'attacher à être super professionnels", a jugé un diplomate européen habitué des négociations entre les 27. D'autant que leur présidence aura un agenda nettement moins chargé que la précédente. "Au cours des prochains mois, les institutions européennes vont se concentrer sur la répartition des postes et sur la nomination de la nouvelle Commission, ce qui réduira l'activité législative", souligne Andreas Bock.
Cela n'empêchera probablement pas Viktor Orban d'essayer d'"imprimer sa marque" pendant ces six mois, selon le diplomate. "On peut s'attendre à une présidence du Conseil de l'UE avec quelques accents hongrois", résume Andreas Bock.
boi avec afp
Fonds bloqués et déficit excessif
La question des fonds bloqués par Bruxelles risque de planer au-dessus de ces six mois de présidence hongroise.
L'UE gèle actuellement quelque 19 milliards d'euros destinés à Budapest dans le cadre de différentes procédures, liées aux manquements reprochés au régime hongrois en matière de droits des personnes LGBT+, des demandeurs d'asile et de lutte contre la corruption.
Il y a dix jours, la Commission européenne a en outre ouvert la voie à des procédures pour déficits publics excessifs contre sept pays de l'UE, dont la Hongrie. Ces pays ont dépassé l'an dernier la limite de déficits publics fixée à 3% du PIB par le Pacte de stabilité qui limite aussi la dette à 60% du PIB. Ils devront prendre des mesures correctrices pour respecter à l'avenir les règles budgétaires de l'Union européenne, sous peine de sanctions financières.
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En outre, à mi-juin, la Cour de justice de l'Union européenne a condamné Budapest à payer une somme forfaitaire de 200 millions d'euros et une astreinte d'un million d'euros par jour pour ne pas s'être mise en conformité avec le droit de l'UE en matière d'asile.
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