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"Massacre de la forêt de Shakahola", les premiers corps des victimes sont remis à leurs proches

Les premiers corps des victimes du massacre de la forêt de Shakahola sont remis à leurs proches. [Keystone - Andrew Kasuku]
Les premiers corps des victimes du massacre de la forêt de Shakahola sont remis à leurs proches / Le Journal horaire / 28 sec. / le 26 mars 2024
Les autorités kényanes ont commencé mardi à restituer aux familles les corps de victimes du "massacre de la forêt de Shakahola", près d'un an après le choc de la révélation des macabres pratiques d'une secte évangélique adepte du jeûne jusqu'à la mort.

Un total de 429 corps, dont ceux de nombreux enfants, ont été exhumés depuis avril 2023 dans cette vaste zone de "bush" de la côte kényane, où le pasteur autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie appelait ses adeptes à jeûner jusqu'à en mourir pour "rencontrer Jésus" avant la fin du monde qu'il annonçait pour août 2023.

Mardi, au moins quatre dépouilles ont été remises à une famille dans la ville côtière de Malindi. "C'est un soulagement d'avoir enfin les corps, mais c'est aussi désolant de voir qu'ils ne sont que des squelettes", a déclaré William Ponda, 32 ans, qui a perdu sa mère, son frère, sa belle-soeur et son neveu.

Baptisée "massacre de la forêt de Shakahola", l'affaire a horrifié le Kenya, pays religieux majoritairement chrétien d'Afrique de l'Est.

Les autopsies ont révélé que la majorité des victimes sont mortes de faim, mais certaines ont été étranglées, battues ou étouffées. Certains décès remontaient à plusieurs années et des corps étaient dans un état de décomposition avancée.

Pasteur en détention

Chauffeur de taxi avant de se proclamer pasteur, Paul Nthenge Mackenzie est en détention depuis le 14 avril, au lendemain de la découverte des premières victimes dans la forêt de Shakahola où se réunissait l'"Eglise internationale de Bonne nouvelle" qu'il a créée en 2010.

Il est notamment poursuivi pour "terrorisme" et "assassinat" de 191 enfants, dont trois nourrissons. Il fait également face à des accusations d'"homicides involontaires", "torture" et "cruauté" sur enfants. Il a plaidé non-coupable de tous ces chefs d'accusation.

Pour l'instant, seuls 34 corps ont été identifiés. "Il reste plus de 390 corps à identifier. À ce rythme-là, ça va durer encore dix ans", a fustigé Roseline Odede, présidente de la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNCHR), organisme officiel mais indépendant, devant la presse à Malindi.

"Le gouvernement doit volontairement déployer des ressources dans ce processus afin que nous puissions permettre aux familles de faire leur deuil", a-t-elle estimé.

Les longs délais s'expliquent notamment par un manque de produits réactifs et d'équipement. Le chef des opérations médico-légales, Johansen Oduor, a également souligné la semaine dernière que beaucoup de familles ne sont pas venues réclamer les corps, rendant plus difficile l'obtention d'échantillons d'ADN.

Un bilan susceptible de s’aggraver 

Les opérations de recherches de fosses communes sont à l'arrêt depuis plusieurs mois, mais le bilan pourrait encore s'alourdir.

Au moins 35 autres charniers potentiels ont été identifiés et doivent faire prochainement l'objet d'exhumations, selon Johansen Oduor.

La révélation des pratiques de la secte a placé les autorités sous le feu des critiques pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes.

Le gouvernement a annoncé que la forêt de Shakahola serait transformée en "lieu de mémoire", "afin que les Kényans et le monde n'oublient pas ce qui s'est passé".

afp/miro

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