Michel Barnier fixe ses priorités en tant que Premier ministre et répète vouloir un gouvernement d'ouverture
Chargé par le président français Emmanuel Macron de "constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays", Michel Barnier se sait déjà en sursis dans un pays très divisé depuis les élections législatives et va devoir trouver les bons équilibres pour ne pas tomber à la première motion de censure.
Dans sa première grande interview, vendredi sur TF1, l'ancien commissaire européen de 73 ans a fixé ses priorités. Il a dit vouloir "maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes", revaloriser le travail et ne pas augmenter la dette de la France.
Le chef du gouvernement, nommé jeudi, a également cité les services publics qui "sont aussi un besoin immense dans les quartiers urbains, mais dans les campagnes aussi", reprenant ainsi les grandes lignes du "pacte législatif" présenté par son parti Les Républicains (droite).
Déficit, services publics, croissance
Interrogé sur le déficit public abyssal, qui devrait se creuser encore à 5,6% du PIB cette année, le Premier ministre a répondu: "Face à cette urgence, je ne m'interdis pas une plus grande justice fiscale."
"Je vais m'efforcer, avec les différents ministres qui seront nommés, de mieux maîtriser, de mieux utiliser l'argent public et de m'appuyer sur des services publics, parce que nous avons besoin de services publics efficaces", a-t-il ajouté.
Le président va présider et le gouvernement gouverner
"Il faut aussi de la croissance, la croissance (...) elle ne tombe pas du ciel, elle ne vient pas de l'administration, elle vient des entreprises, petites grandes ou moyennes, des agriculteurs, des pêcheurs, de notre commerce extérieur, du rôle des Français de l'étranger (...), de nos départements et de nos régions d'Outre-mer", a complété Michel Barnier.
Un gouvernement d'ouverture
Michel Barnier a aussi dit vouloir former un gouvernement qui ne soit pas seulement de droite et ouvrir la table des négociations "à tous ceux qui le voudront", sans exclure la participation de personnes venues de la gauche. Il a aussi assuré que l'exécutif entrait dans une "nouvelle époque" et que "le président allait présider et le gouvernement gouverner".
L'ancien ministre a, selon son entourage, multiplié les appels téléphoniques avant même sa prise de fonction: des responsables de droite à l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy ou aux présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat. Il a reçu en matinée son prédécesseur Gabriel Attal, puis les dirigeants des Républicains pour examiner les conditions d'une participation à son futur gouvernement.
Eviter une motion de censure
Michel Barnier devra user de toutes ses qualités diplomatiques pour former un gouvernement susceptible de mettre fin à la plus grave crise politique de la Ve République - le régime politique en vigueur en France depuis 1958. Le RN a d'ores et déjà annoncé qu'il ne participera pas au gouvernement Barnier et a "posé des conditions", alors que ses 126 députés détiennent la clé d'une éventuelle censure.
Idem pour la gauche, première force de l'Assemblée, qui réclamait le poste et a immédiatement fustigé un "Premier ministre nommé avec la permission" de l'extrême droite. Le patron des socialistes Olivier Faure a dénoncé un "déni démocratique à son apogée", le parti de Michel Barnier étant arrivé seulement en 4e position aux législatives. Le chef de file de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a affirmé que l'élection avait été "volée aux Français", et cette nomination conforte sa démarche de destitution contre Emmanuel Macron, doublée d'appels à manifester samedi.
Outre son parti, Michel Barnier pourra compter sur des membres de l'ex-majorité présidentielle, qui seront "nombreux à l'aider", selon l'un de ses prédécesseurs à Matignon, Edouard Philippe.
lia/boi avec afp