Mobilisation pour sauver un rappeur iranien condamné à mort par Téhéran
Toomaj Salehi, 33 ans, risque la pendaison. Arrêté en octobre 2022, il avait soutenu via ses chansons et sur les réseaux sociaux le mouvement de contestation déclenché après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des moeurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le strict code vestimentaire imposé aux femmes.
Revirement de la justice
Le verdict du tribunal révolutionnaire d'Ispahan, rapporté mercredi par un média local iranien citant l'avocat du rappeur et qui peut encore faire l'objet d'un appel, a stupéfait les ONG et militants iraniens, car il allait à l'encontre d'une précédente décision de la Cour suprême.
Selon des experts de l'ONU, le rappeur avait initialement été condamné à six ans de prison, avant que celle-ci ordonne sa libération. Mais il avait été de nouveau arrêté en novembre.
Interrogé dans l'émission Forum de la RTS, son avocat en France, Dylan Slama, veut croire qu"'il y a toujours un espoir tant que la sanction n'est pas mise à exécution. Il est toujours possible d'obtenir mieux, d'obtenir un changement, par exemple de commuer cette sanction en une peine, en perpétuité, en attendant la chute du régime iranien éventuellement".
Les soutiens du jeune artiste ont lancé sur les réseaux sociaux une campagne sous le hashtag #SaveToomaj (#SauverToomaj).
Le verdict survient dans un contexte de répression accrue en Iran, notamment contre les femmes, et une augmentation en flèche des exécutions. Selon Amnesty International, 853 personnes ont été exécutées en 2023, une hausse de 48% par rapport à 2022. Depuis le début de l'année, déjà 130 ont été exécutées, selon l'ONG IHR basée en Norvège.
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Le verdict contre Toomaj Salehi est tombé peu après la condamnation d'un autre rappeur, Saman Yasin, à cinq années de prison. Il avait initialement été condamné à mort. Selon son avocat, il a subi des tortures et été contraint à des aveux forcés.
La condamnation à mort de Toomaj Salehi a été dénoncée jeudi par la France, l'Italie, et les experts d'un groupe de travail de l'ONU.
cab avec afp