Mobilisations pour les salaires et altercations entre manifestants et police - le suivi du 1er Mai dans le monde
Les mobilisations pour le 1er Mai ont aussi été marquées en France, en Tunisie et en Grèce, notamment, par la présence de drapeaux palestiniens.
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TURQUIE - Plus de 200 arrestations en marge des manifestations du 1er Mai
Les premières altercations ont éclaté alors que les manifestants tentaient de forcer les barrages de police pour gagner l'emblématique place Taksim, complètement barricadée depuis la veille.
Istanbul avait été placée en état de siège depuis l'aube par les forces de l'ordre qui en ont bloqué son centre sur un large périmètre afin d'empêcher les manifestants de gagner cette place Taksim.
Les rassemblements n'y sont plus autorisés depuis la vague de contestation qui a secoué le pays en 2013. Mais les organisations syndicales et politiques appellent régulièrement leurs membres à y converger. La place Taksim est devenue l'épicentre de la contestation du pouvoir de Recep Tayyip Erdogan.
Des rives du Bosphore jusqu'à la péninsule historique de Sultanhamet et le palais de Topkapi, des barrières métalliques barraient tout passage, les transports en commun, ferries compris, sont restés à l'arrêt, prenant au piège des touristes désemparés sous un ciel maussade.
Plus de 42'000 policiers ont été déployés dans la mégapole, avait prévenu mardi le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya dénonçant par avance les "organisations terroristes qui veulent faire du 1er Mai un champ d'action et de propagande".
FRANCE - Des manifestations pour de meilleurs salaires ou la paix sous le signe du vandalisme et des altercations
En France, plus de 210'000 manifestants selon le syndicat CGT, 121'000 selon le ministère de l'Intérieur, se sont rassemblés mercredi à l'occasion du 1er Mai. Des tensions ont remué quelques cortèges, sur fond de revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, pour la paix ou encore pour une Europe "plus protectrice". La CGT a recensé plus de 265 rassemblements et manifestations dans tout le pays.
La mobilisation a été moins forte que l'an dernier, où la colère contre la réforme des retraites avait porté les chiffres de la journée du 1er mai 2023 bien au-delà d'un 1er Mai classique (2,3 millions, selon la CGT et près de 800'000 selon la police), mais dans les mêmes niveaux qu'en 2022, où le syndicat avait comptabilisé 210'000 manifestants et les autorités 116'000.
Des violences ont éclaté à Nantes (ouest), à Rennes et à Paris, essentiellement des bris de vitrine et de mobilier urbain.
Dans la capitale, où les syndicats ont recensé 50'000 manifestants et la police 18'000, le cortège s'est élancé dans une ambiance festive en début d'après-midi avant que la situation ne se tende avec des jets de gaz lacrymogènes et de premières charges policières en tête du cortège.
En début de soirée, 12 policiers et gendarmes avaient été blessés, transportés à l'hôpital en "urgence relative", selon la préfecture. Il y a eu, selon la même source, 45 interpellations.
ALLEMAGNE - Une trentaine de blessés après le renversement d'un char de défilé du 1er Mai
"Une trentaine de personnes" ont été blessées, "dont dix grièvement", mercredi dans le renversement d'un char de défilé du 1er Mai près de la ville allemande de Fribourg-en-Brisgau (sud-ouest), a indiqué la police locale. L'attelage, une remorque tirée par un tracteur, s'est "renversé sur le côté", alors que le conducteur du véhicule effectuait un virage à gauche, a-t-elle précisé dans un communiqué.
Les victimes ont été prises en charges par "de nombreuses forces de secours, dont plusieurs hélicoptères de sauvetage, notamment en provenance de Suisse" voisine, a encore indiqué la police.
Les faits sont survenus vers 13h05 sur une route aux abords de la ville de Kandern (ouest), à quelques dizaines de kilomètres de Fribourg-en-Brisgau et de la frontière avec la France.
GRECE - Transports urbains et maritimes perturbés pour des revendications sur les salaires
Plus de 2000 personnes ont manifesté à Athènes lors des rassemblements du 1er Mai, selon la police, tandis que les transports urbains et maritimes étaient perturbés en raison d'une grève des travailleurs de ces secteurs.
Les ferries assurant les liaisons entre la Grèce continentale et les îles en mer Égée et Ionienne sont restés à quai mercredi alors que le métro, les bus et les trolleys à Athènes ont observé des arrêts de travail.
La mobilisation était particulièrement importante parmi les travailleurs des transports en commun qui réclament la restauration des conventions collectives supprimées pendant la crise économique, l'embauche de personnel et une augmentation des salaires.
Le syndicat proche du parti communiste Pame a réclamé également dans un communiqué "l'augmentation des salaires, l'arrêt des attaques contre les actions syndicales, des mesures immédiates contre le coût de la vie, et des mesures pour la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs".
La manifestation s'est terminée par un jet de peinture rouge dans la fontaine de la place Syntagma, au centre de la capitale Athènes.
La politique gouvernementale de dérégulation du marché de travail ainsi que les bas salaires sont critiqués par les syndicats dans un pays où, malgré la reprise de la croissance, les inégalités sociales sont de plus en plus criantes.
Le salaire minimum en Grèce a été revalorisé au 1er avril dernier, passant de 780 euros brut à 830 euros brut. Mais l'inflation a atteint 4,3% en Grèce en 2023 après avoir dépassé 9% en 2022, selon la Commission européenne.
TUNISIE - Des milliers de militants du syndicat UGTT réunis à Tunis
Plus de 2500 militants de la grande centrale syndicale tunisienne UGTT ont manifesté mercredi dans le centre de Tunis, à l'occasion de la fête du 1er Mai, en défense "du dialogue social et du droit syndical".
"Travail, liberté, dignité nationale", ont scandé les militants, rassemblés d'abord dans la cour d'un nouveau siège entièrement renové, avant de défiler sur la principale artère de la capitale, l'avenue Bourguiba. Selon la police, ils étaient environ 2500 et au moins 3500 selon les organisateurs.
Munis de drapeaux tunisiens, ils brandissaient des pancartes pour "exiger le dialogue social et le droit syndical", "un salaire égal pour un travail égal" ou dénoncer des "prix trop élevés" dans un pays en proie à une inflation annuelle de 8%.
RTSinfo avec agences