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Motaz Azaiza: "Les images les plus horribles, vous ne les avez jamais vues"

Entretien avec le photographe gazaoui Motaz Azaiza, à l’occasion de sa venue à Genève
Entretien avec le photographe gazaoui Motaz Azaiza, à l’occasion de sa venue à Genève / 19h30 / 4 min. / le 11 mars 2024
A 25 ans, Motaz Azaiza est devenu le visage de la bande de Gaza. Sur les réseaux sociaux, le journaliste et photographe a raconté pendant des mois la guerre et ses conséquences sur les civils. La situation étant devenue trop dangereuse, il a évacué Gaza en janvier dernier.

Motaz Azaiza a choisi d’être photographe pour montrer la vie et ses richesses. Mais depuis l’offensive d’Israël sur la bande de Gaza, c’est la destruction et la mort qu’il immortalise. Ses images, presque en direct et sans filtres, lui ont valu près de 19 millions d'abonnés sur Instagram.

"Les images les plus horribles, vous ne les avez jamais vues", affirme-t-il dans le 19h30 de la RTS. "Ce que j'ai filmé n'a rien à voir avec les choses que je n'ai pas filmées". Mais si certains contenus sont très durs, Motaz Azaiza estime qu'il est cependant important de les montrer. "Il faut faire de la sensibilisation", dit-il. "Il faut que les gens soient du bon côté, qu'ils ne soutiennent pas un génocide qui est commis à l'encontre de civils, d'enfants".

Devenu malgré lui reporter de guerre, Motaz Azaiza est conscient des dangers auxquels il faisait face. "Il y a certaines choses que je n'ai pas pu filmer, parce que je serais décédé si j'avais essayé de filmer dans ces endroits-là", explique-t-il. Le 23 janvier dernier, après 107 jours à couvrir la guerre, Motaz Azaiza annonce dans une vidéo qu'il va évacuer Gaza.

Pas de protection pour la presse

La situation était devenue trop dangereuse sur place, y compris pour les journalistes. Beaucoup ont en effet été tués dans la bande de Gaza. "Nous faisions toujours des blagues sur cette veste 'presse'", raconte-t-il.

"Comme la journaliste palestinienne qui est décédée suite à un tir israélien. Elle portait cette veste, mais il n'y avait rien pour la protéger au niveau du cou", poursuit-il. "Donc même si on est protégé, ils vont trouver une manière de nous tirer dessus".

>> Relire : La mort de la journaliste Shireen Abu Akleh due à un tir des forces israéliennes

Le journaliste et photographe palestinien Motaz Azaiza. [AFP - Mohammed Abed]
Le journaliste et photographe palestinien Motaz Azaiza. [AFP - Mohammed Abed]

Les derniers jours de Motaz Azaiza à Gaza ont été très durs en raison du manque de nourriture et des frappes quotidiennes. "Je ne voulais pas attendre qu'un soldat de 18 ans arrive et me tire dessus, brûle ma maison et brûle mon corps", dit-il. "Je n'avais pas le choix. Je suis donc parti".

Aujourd'hui, le jeune homme défend les intérêts des Palestiniens et leur donne une voix depuis l'étranger. Pour son premier voyage sur le sol européen, il s'est notamment rendu au Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) de Genève.

>> Voir le portrait de Motaz Azaiza dans le 19h30 :

Le photographe gazaoui Motaz Azaiza a voulu témoigner pendant plusieurs moi de la réalité dans l’enclave palestinienne. Portrait
Le photographe gazaoui Motaz Azaiza a voulu témoigner pendant plusieurs mois de la réalité dans l’enclave palestinienne. Portrait / 19h30 / 2 min. / le 11 mars 2024

>> Voir son interview complète :

L'interview intégrale de Motaz Azaiza
L'interview intégrale de Motaz Azaiza / L'actu en vidéo / 19 min. / le 11 mars 2024

Propos recueillis par Philippe Revaz

Adaptation web: Emilie Délétroz

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