"On ne pourra pas répondre aux besoins des populations seuls", avertit la présidente de MSF Suisse
Médecins sans frontières, qui fonctionne surtout grâce à des dons privés avec une petite part d'argent public, "ressentira quand même" les coupes dans l'aide au développement car elle travaille de concert avec d'autres organisations sur le terrain, souligne Micaela Serafini.
"On se retrouvera tout seul, sans l'appui de ces organisations parce qu'ils (la Confédération, ndlr) leur auront coupé les financements et on ne pourra pas forcément combler les besoins de base des populations", s'inquiète celle qui a pris la tête de la section suisse de l'ONG il y a deux mois.
>> Pour en savoir plus sur ces coupes, lire : Le budget de l'aide au développement menacé de coupes drastiques
Les coupes dans l'aide au développement sont actuellement en discussion aux Chambres fédérales. La semaine dernière, le National a voté en faveur de cette diminution des dépenses publiques et, lundi, le Conseil des Etats a voté des coupes moins sévères. Le débat va donc se poursuivre.
Ces coupes vont "asphyxier l'aide dont cette population a vraiment besoin", craint Micaela Serafini.
>> Suivre la session d'hiver des Chambres : Le Conseil des Etats approuve le budget 2025 et augmente comme le National les dépenses de l'armée
"Pas capable" de remplacer l'UNRWA
Les 20 millions d'aide accordés par la Confédération à l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) seront également débattus par les Chambres lors d'une prochaine session. MSF a déjà pris position à ce sujet: "On a écrit une lettre aux politiciens suisses pour expliquer que l'UNWRA joue un rôle très important à Gaza et même en Cisjordanie", indique sa directrice. "Il y a un volume énorme d'activités d'aide à la population palestinienne à Gaza."
L'ancienne médecin estime que son ONG "ne sera pas capable de fournir les soins que l'UNRWA fournit aujourd'hui". "On n'est pas à la hauteur et on n'a pas la capacité (...) C'est pour cela qu'il faut revoir cette idée de couper le financement", insiste-t-elle.
Privatiser l'aide humanitaire de l'UNRWA n'est pas une solution, estime encore Micaela Serafini. Selon elle, cela risquerait de "l'instrumentaliser" de façon à lui donner "une tournure politique", voire de devenir une forme de business. "Pour nous, l'aide humanitaire doit continuer à être complètement indépendante", conclut-elle.
Propos recueillis par Delphine Gendre
Article web: Julie Marty