"Je défendrai, soutiendrai et protégerai la Constitution", a déclaré Muhammad Yunus au cours de la cérémonie. Il a promis de remplir "avec sincérité" ses fonctions de "conseiller en chef", son titre officiel. Parmi les autres membres du gouvernement intérimaire figurent Nahid Islam et Asif Mahmud, les dirigeants du mouvement étudiant lancé début juillet et qui a eu raison de Sheikh Hasina.
Ce gouvernement comprend également l'ancien chef de la diplomatie Touhid Hossain, l'ex-procureur général Hassan Ariff, l'avocate spécialisée dans les questions environnementales Syeda Rizwana Hasan et Asif Nazrul, un éminent professeur de droit et écrivain.
"Restaurer la démocratie"
A son arrivée dans le pays à la mi-journée en provenance de Paris, l'économiste de 84 ans avait salué devant la presse et ses partisans un "jour glorieux" et "une deuxième indépendance" pour le pays, en référence à l'indépendance du pays en 1971 à l'issue de la troisième guerre entre le Pakistan et l'Inde.
Le retour de l'ancienne bête noire de Sheikh Hasina, contraint à l'exil après une condamnation en début d'année considérée comme politique par ses défenseurs, suscite beaucoup d'espoir dans le pays, après des violences qui ont fait plus de 455 morts et la fuite lundi de l'ex-dirigeante accusée de répression et d'atteintes au droits humains.
Refuser la vengeance
Le prix Nobel a assuré qu'il s'attèlerait en priorité à rétablir "la loi et l'ordre". "Si vous me faites confiance, veillez à ce qu'il n'y ait aucune attaque contre qui que ce soit, où que ce soit dans le pays", a-t-il martelé.
Le chef de l'armée Waker-Uz-Zaman a apporté son soutien à Muhammad Yunus. Il s'est dit "certain" mercredi que le prix Nobel serait "capable de mener un beau processus démocratique".
Muhammad Yunus a lancé "un vibrant appel au calme" à ses compatriotes, priant les étudiants d'éviter tout acte de vengeance. Lundi, des millions de Bangladais étaient descendus dans les rues de Dacca. Ils avaient envahi le Parlement, incendié des chaînes de télévision pro-gouvernementales et détruit des statues du père de la Première ministre déchue, Sheikh Mujibur Rahman, le héros de l'indépendance.
Acquittement
Le retour de Muhammad Yunus a été facilité par son acquittement mercredi, dans un procès en appel pour infraction au droit du travail. Sa condamnation à six mois de prison en première instance en janvier, la seule prononcée contre lui sur plus de 100 procédures le visant, était considérée comme politique par ses défenseurs.
L'économiste, connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de micro-finance, pionnière en la matière, s'était attiré l'inimitié de Sheikh Hasina, qui l'accusait de "sucer le sang" des pauvres.
Le chef de l'Etat Mohammed Shahabuddin avait dissous mardi le Parlement, comme le réclamaient les étudiants protestataires et le BNP, après avoir ordonné la libération des personnes arrêtées pendant les manifestations et des prisonniers politiques.
Police et armée remaniées
Autre signe d'apaisement, le nouveau chef de la police Mainul Islam a promis mercredi une enquête "impartiale" sur les manifestations et présenté ses excuses pour la conduite de ses prédécesseurs, limogés par le président. L'armée a elle aussi remanié son commandement, notamment en rétrogradant certains hauts gradés jugés proches de Mme Hasina.
Les manifestations avaient commencé après la réintroduction d'un régime réservant près d'un tiers des emplois de la fonction publique aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance. Les organisations de défense des droits humains accusaient le gouvernement Hasina de vouloir mettre les institutions à son service pour éradiquer toute dissidence.
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agences/ami