La décision "de former un gouvernement intérimaire (...) avec Yunus comme chef" a été prise lors d'une rencontre entre le président Mohammed Shahabuddin, de hauts dignitaires de l'armée et des responsables du collectif "Students Against Discrimination" ("Etudiants contre la discrimination"), principal mouvement à l'origine des manifestations initiées début juillet, a-t-elle indiqué.
"Le président a demandé au peuple de l'aider à surmonter la crise. La formation rapide d'un gouvernement intérimaire est nécessaire pour surmonter la crise", indique un communiqué de la présidence.
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Hostilité de l'ex-Première ministre
Muhammad Yunus avait indiqué mardi être prêt à prendre la tête d'un gouvernement intérimaire. "J'ai toujours mis la politique à distance (...) Mais aujourd'hui, s'il faut agir au Bangladesh, pour mon pays, et pour le courage de mon peuple alors je le ferai", avait-il affirmé.
L'économiste de 84 ans, connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance, pionnière en la matière, s'était attiré l'inimitié persistante de Sheikh Hasina, qui l'accusait de "sucer le sang" des pauvres.
Mardi, le président Shahabuddin avait par ailleurs dissous le Parlement, ce que réclamaient les étudiants protestataires et le principal parti d'opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), qui exige des élections d'ici trois mois.
Au moins 432 morts
Lundi a été la journée la plus meurtrière depuis le début de la protestation, avec au moins 122 morts, et au moins 10 autres personnes ont été tuées mardi, portant le bilan à au moins 432 morts, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources policières, gouvernementales et médicales.
La contestation a abouti lundi au départ de Sheikh Hasina, 76 ans, contrainte de s'enfuir en hélicoptère. Elle a atterri dans une base militaire près de New Delhi, selon la presse indienne, mais une source de haut niveau a affirmé qu'elle ne faisait que "transiter" par le pays avant de se rendre à Londres. L'appel du gouvernement britannique à une enquête de l'ONU sur les "niveaux de violence sans précédents" au Bangladesh a cependant mis en doute cette destination.
Remaniement aux hauts échelons des forces de sécurité
Dans le pays troublé, le principal syndicat de policiers du Bangladesh a demandé "pardon" pour avoir tiré sur des étudiants, dans un communiqué publié mardi, affirmant que les policiers avaient été "forcés d'ouvrir le feu" puis présentés comme les "méchants". Il a annoncé une grève pour garantir la sécurité des forces de l'ordre.
Le chef de la police nationale a été limogé par le président Shahabuddin, ont indiqué les services du chef de l'Etat.
L'armée a procédé à plusieurs remaniements parmi ses hauts gradés, notamment en rétrogradant certains d'entre eux jugés proches de Sheikh Hasina.
La situation a été plus calme mardi à Dacca, où la circulation a repris et les magasins ont rouvert, mais les administrations sont restées fermées.
afp/ami