Âgés de 42 à 60 ans, les accusés, tous allemands, sont les premiers des 26 membres de ce réseau extrémiste, démantelé fin 2022, à comparaître devant la justice. Deux autres procès sont prévus dans quelques semaines à Francfort (centre) et Munich (sud) pour le reste du groupe.
Le groupuscule, nourri aux idéologies complotistes et d'extrême droite, celles des "Reichsbürger" ("citoyens du Reich"), projetait d'envahir la chambre des députés allemands à Berlin pour y arrêter les élus et se faisait fort de renverser le gouvernement.
Une mouvance complotiste
Les neuf hommes appelés à la barre lundi, soupçonnés pour la plupart d'avoir été chargés des opérations militaires du réseau, étaient convaincus que l'Allemagne était dirigée par une "secte conspiratrice d'élites pédophiles", selon l'acte d'accusation lu par le procureur. Une idéologie rappelant la mouvance complotiste QAnon venue des Etats-Unis.
Pour s'opposer à cette "secte", ils croyaient en l'existence d'une "alliance" secrète entre différents Etats, dont la Russie et les Etats-Unis, qui les auraient aidés à libérer l'Allemagne, a expliqué le procureur.
Le cerveau présumé du groupuscule est un aristocrate et homme d'affaires septuagénaire, Henri XIII, dit prince Reuss, descendant d'une lignée de l'Etat de Thuringe.
Il sera jugé avec huit autres meneurs présumés du groupe, dont une ancienne députée d'extrême droite et un ex-haut gradé de l'armée, à Francfort à partir du 21 mai. Le groupuscule s'était structuré fin juillet 2021, avec une organisation politique et militaire, en vue d'un coup d'Etat.
L'ombre de Moscou
Les Reichsbürger regroupe des extrémistes de droite et amateurs d'armes qui rejettent la légitimité de la République allemande moderne: ils croient en la pérennité du Reich allemand d'avant la Première Guerre mondiale, sous la forme d'une monarchie, et plusieurs groupes de sympathisants ont décrété la création de leurs propres mini-Etats.
Sur le complot plane également l'ombre de Moscou. La compagne présumée de Henri XIII, une ressortissante russe nommée "Vitalia B.", est en effet suspectée d'avoir "mis en contact l'aristocrate avec le consulat général de Russie à Leipzig et l'y a accompagné en juin 2022".
Henri XIII cherchait à s'assurer du soutien de Moscou, même si, au moment du démantèlement de la cellule, le Kremlin avait démenti toute "ingérence".
Le réseau s'était donné les moyens de ses ambitions, avec "environ 500'000 euros" à disposition, ainsi qu'un "arsenal d'environ 380 armes à feu, près de 350 armes blanches ainsi que 500 autres armes et au moins 148'000 munitions", selon les enquêteurs.
Des équipements et tentatives de recrutement
Il avait également acheté d'autres équipements, y compris des casques balistiques, des gilets pare-balles, des appareils de vision nocturne et des menottes.
A Stuttgart, la majeure partie des neuf accusés sont soupçonnés d'avoir tenté de recruter d'autres personnes à leur cause dans les rangs de l'armée ou de la police allemande, ou parmi d'anciens membres de ces deux institutions.
Parmi les neuf suspects, deux membres présumés faisaient partie des instances dirigeantes, tandis que deux autres étaient responsables de la formation militaire. Un autre suspect est en outre accusé de tentative de meurtre pour avoir tiré à bout portant sur des policiers en mars 2022.
Pour chacun des trois procès (Stuttgart, Francfort et Munich), la justice a prévu une cinquantaine de jours d'audience, jusqu'en janvier 2025 au moins.
ats/miro/iar