Entre les incertitudes liées à la politique française et les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, les Jeux olympiques de Paris 2024 débutent dans une "période d'indécision", relève dans La Matinale de vendredi Nicolas Bancel, historien et professeur à l'Institut des Sciences du sport de l'UNIL.
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Mais ce n'est pas la première fois. Il cite l'exemple des Jeux de Mexico en 1968, qui ont été précédés par la violente répression d'une manifestation qui réunissait plusieurs centaines de milliers de syndicalistes et des étudiants. On estime à "300 le nombre de morts", mais rien d'officiel, souligne celui qui a organisé l'exposition "Olympisme, une histoire du monde" au Palais de la Porte dorée à Paris. Ce moment était un "état de tensions sociales et politiques très aigu, que les Jeux vont ensuite un peu effacer".
Ce n'est pas une première. Quelques jours avant l'ouverture des Jeux de Mexico City en 1968 a eu lieu une très grande manifestation (...) qui a fait environ 300 morts
Evolution du dispositif de sécurité
Mais la question sécuritaire n'est apparue aux JO comme un enjeu fondamental qu'après les Jeux de Munich en 1972, marqués par la prise d'otages et l'assassinat de la délégation israélienne par un commando palestinien, relève-t-il.
"Il fallait absolument trouver des solutions et c'est donc quatre ans plus tard (pour les JO de Montréal, ndlr) qu'on a fait une véritable opération de sécurisation des Jeux", poursuit-il.
La sécurité "a encore été très nettement renforcée" après l'attentat du World Trade Center en 2001, note Nicolas Bancel. "Les exigences du CIO ont encore augmenté. Ça s'est traduit en 2004 aux JO d'Athènes avec des moyens notamment vidéos et logistiques démultipliés qu'on n'avait jamais vus auparavant."
Le contexte politique français n'est pas une menace pour les JO
Malgré les dispositions prises, "le spectre de l'insécurité autour de la cérémonie d'ouverture, notamment, subsiste", relève Nicolas Bancel. Mais pas à cause du contexte politique du pays d'accueil de l'édition 2024. "La question est moins sensible pour les JO", dit-il. "Je n'ai pas de grande inquiétude là-dessus". D'autant, qu'"avant les Jeux, il y a souvent des polémiques", constate le commissaire d'exposition en citant les prises de parole de sportifs, comme le joueur de football français Kylian Mbappé contre les extrêmes.
Il faudra que dans les mois qui viennent, la France [prenne exemple sur] le système politique suisse
Cependant, "il faudra que dans les mois qui viennent, la France [prenne exemple sur] le système suisse: on négocie entre différents partis politiques, on s'arrange (...), on fait des concessions pour trouver une majorité", explique l'invité de la RTS. "C'est peut-être l'occasion pour la France de réviser son logiciel politique."
En tout cas, Nicolas Bancel se veut rassurant: "En général, une fois que les compétitions ont commencé et que la cérémonie est passée, les JO écrasent tout car il y a un tel pouvoir de mobilisation médiatique qu'une trêve se produit qu'on le veuille ou non", conclut-il.
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Propos recueillis par Aleksandra Planinic
Article web: Julie Marty