Nicolas Sarkozy définitivement condamné à un an de prison ferme sous bracelet électronique

Nicolas Sarkozy condamné à un an ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence
Nicolas Sarkozy condamné à un an ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence / 19h30 / 22 sec. / le 18 décembre 2024
L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été définitivement condamné mercredi à un an ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence. Il affirme ne pas être "décidé à accepter cette injustice profonde", invoquant une "parfaite innocence".

La plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français a rejeté mercredi le pourvoi de l'ancien président, rendant définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique dans l'affaire dite des "écoutes" pour corruption et trafic d'influence, une sanction inédite pour un ancien président en France.

Jusqu'ici suspendue, cette peine, à laquelle s'ajoutent trois ans d'inéligibilité, est désormais applicable: Nicolas Sarkozy, 69 ans, va être convoqué devant un juge de l'application des peines qui devra déterminer les modalités de son bracelet électronique.

Saisine de la CEDH

"Je ne suis pas décidé à accepter l'injustice profonde qui m'est faite", a réagi sur X l'ancien chef de l'Etat, qui a saisi la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), convaincu de "demeurer dans son bon droit" et affirmant vouloir "redire (sa) parfaite innocence".

Cette saisine de la CEDH n'empêche pas l'exécution des sanctions prononcées. "J'assumerai mes responsabilités et ferai face à toutes ses conséquences", a aussi déclaré l'ex-président.

"Le recours que je forme devant la CEDH pourra conduire hélas à faire condamner la France", souligne Nicolas Sarkozy, estimant qu'il n'aurait pas saisi cette instance s'il avait "bénéficié d'une analyse juridique sereine".

Modalités à fixer

Nicolas Sarkozy doit désormais être convoqué — en principe dans un délai inférieur à un mois — devant un juge de l'application des peines (JAP) en France, qui fixera les modalités de son bracelet, posé ultérieurement.

Cette décision intervient alors que l'ancien locataire de l'Élysée doit comparaître à partir du 6 janvier, et pour quatre mois, au tribunal de Paris, dans l'affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Dans le dossier tranché mercredi, Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance le 1er mars 2021, puis en appel le 17 mai 2023.

>> Ecouter aussi l'interview de Nicolas de Ziegler dans Forum :

L’ex-président français Nicolas Sarkozy condamné à un an de prison avec bracelet électronique: interview de Nicolas de Ziegler (vidéo)
L’ex-président français Nicolas Sarkozy condamné à un an de prison avec bracelet électronique: interview de Nicolas de Ziegler (vidéo) / Forum / 8 min. / le 18 décembre 2024

"Un pacte de corruption"

L'ex-chef de l'Etat a été à chaque fois reconnu coupable d'avoir noué en 2014, au côté de son avocat historique Thierry Herzog, un "pacte de corruption" avec Gilbert Azibert, haut magistrat à la Cour de cassation. Et ce, en échange d'un "coup de pouce" promis à ce dernier pour un poste honorifique à Monaco.

L'objectif: que Gilbert Azibert transmette des informations et tente d'influer sur un recours formé par Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt — une affaire des dons octroyés au parti de droite UMP par la richissime héritière du groupe L'Oréal Liliane Bettencourt (décédée en 2017) et dans laquelle la justice a depuis abandonné les poursuites.

Nicolas Sarkozy, Gilbert Azibert et Thierry Herzog se sont vu infliger la même peine, avec pour l'avocat une interdiction de porter la robe noire pendant trois ans.

"Atteintes aux droits"

Clamant leur innocence depuis l'origine, ils ont formé des pourvois, soulevant 20 arguments examinés lors d'une audience le 6 novembre, à l'issue de laquelle la décision a été mise en délibéré jusqu'à ce mercredi.

Devant la Cour de cassation, qui contrôle la bonne application du droit et non le fond des dossiers, l'avocate générale avait méthodiquement préconisé le rejet de chaque point de droit soulevé.

Me Emmanuel Piwnica, avocat au conseil de Thierry Herzog, avait lui fustigé une procédure qui "n'aurait jamais dû voir le jour", parlant d'un dossier où "on ne compte plus les illégalités commises, les manquements, les atteintes aux droits fondamentaux".

Les avocats contestaient notamment la légalité des écoutes au coeur du dossier, un sujet déjà maintes fois débattu dans cette affaire.

afp/ami

Publié Modifié