Opposant à Viktor Orban, Peter Magyar vante un "printemps hongrois" à ses partisans

Le rassemblement se tenait dans la ville de Debrecen (est), bastion du parti Fidesz du Premier ministre nationaliste, à un mois des élections européennes.

Depuis son irruption en février sur la scène politique, Peter Magyar, ancien membre du parti de Viktor Orban, a attiré à ses côtés plusieurs célébrités dans son combat.

Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation, de l'avis des experts, qui évoquent un défi sans précédent pour le dirigeant.

25% d'intentions de vote

Quasi inconnu il y a encore trois mois, Peter Magyar s'est fait connaître après la démission de la Présidente de la Hongrie et du retrait de la vie politique de l'ancienne ministre de la Justice, son ex-femme, à la suite d'un scandale de grâce accordée dans une affaire pédocriminelle.

>> Lire aussi : En Hongrie, une nouvelle figure de l'opposition rassemble des dizaines de milliers de personnes

En trois mois à peine, il a évincé les partis d'opposition existants, avec son discours conservateur pourfendant la corruption qui ruine à ses yeux le pays.

"Les Hongrois ont en marre des mensonges, de la propagande, marre de que le pays soit dans une crise économique, juridique, morale et politique. Ils en ont marre que vingt ans après notre entrée dans l'UE comme élève modèle, et après 40'000 milliards de forints de subventions européennes, nous sommes devenus le deuxième pays le pauvre et le pays le plus corrompu de l'Union", argumente Peter Magyar.

Son mouvement Tisza (Respect et liberté), qui se veut "ni à gauche ni à droite", est désormais crédité de 25% d'intentions de vote auprès des électeurs sûrs de leur choix, selon un récent sondage réalisé par l'institut Median auprès de 1000 personnes en vue du scrutin européen du 9 juin.

Sa force, pour ses partisans: connaître le système de l'intérieur. Longtemps diplomate à Bruxelles, le charismatique avocat de 43 ans a aussi partagé pendant des années la vie de Judit Varga, ancienne ministre de la Justice, avec laquelle il a eu trois enfants.

Taxé de "serviteur de Bruxelles"

Si Viktor Orban balaie l'arrivée de ce concurrent d'un revers de la main, son parti "se démène pour tuer dans l'oeuf" cette vague de contestation, décrypte pour l'AFP l'analyste Zoltan Lakner.

Des affiches le taxant de "serviteur de Bruxelles" ont fleuri dans le pays, tandis que les journaux pro-gouvernementaux ont publié des dizaines d'articles pour salir sa réputation, d'accusations de violences conjugales - qu'il nie fermement - à des remarques sur ses "lunettes de soleil de femme".

Une nouvelle autorité de surveillance, créée pour prévenir "les interférences étrangères" dans le processus électoral, a également lancé une enquête à son encontre.

Quelle influence?

"Si Magyar parvient à unir les électeurs de l'opposition", aujourd'hui fragmentée en plusieurs partis sans envergure, il pourrait alors présenter un réel danger pour le pouvoir, estime le politologue.

Même si d'autres jugent le mouvement incapable à ce stade de renverser le Premier ministre, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs en 14 ans.

Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix, son passage à Debrecen lui permettant de confirmer sa popularité.

>> Lire aussi : La Hongrie n'est plus une véritable démocratie, dénonce le Parlement européen

cab avec ats